Différences entre les versions de « Chapitre 56 – 1969 année héroïtique »

De Xavier Renard
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Je me suis donc bien entendu ensuite enquis d’en savoir davantage sur ce mystérieux ouvrage ! Et voici le résumé que j’en ai trouvé : « Maurya’s Seed est la chronique de la période d’après l’esclavage. Elle décrit la situation des descendants d’esclaves africains établis dans l’Amérique urbaine, et ce exactement cent ans après la signature de la Proclamation d’émancipation. Ce centenaire, en 1963, qui ne disait pas son nom, apparaît comme le contexte idéal pour une narration du combat dans lequel allaient devoir s’engager, de toutes leurs forces, les Afro-américains. » Je ne me sentais plus de joie. J’ai dit à Manno les incroyables sensations que me procuraient le fait de me replonger dans les différents épisodes de ma vie, et l’espèce de va-et-vient entre la petite et la grande histoire, lui déclarant, à propos du Dew Drop Inn : « Tu te rends compte, j’ai trouvé l’extrait d’un bouquin dans lequel, apparemment, des Noirs sont en train de manifester, en 1963, fuyant la police, pour aller se réfugier au Dew Drop Inn ! Ça veut dire qu’il existait déjà, à cette époque, en pleine révolte des Noirs ! »  
Je me suis donc bien entendu ensuite enquis d’en savoir davantage sur ce mystérieux ouvrage ! Et voici le résumé que j’en ai trouvé : « Maurya’s Seed est la chronique de la période d’après l’esclavage. Elle décrit la situation des descendants d’esclaves africains établis dans l’Amérique urbaine, et ce exactement cent ans après la signature de la Proclamation d’émancipation. Ce centenaire, en 1963, qui ne disait pas son nom, apparaît comme le contexte idéal pour une narration du combat dans lequel allaient devoir s’engager, de toutes leurs forces, les Afro-américains. » Je ne me sentais plus de joie. J’ai dit à Manno les incroyables sensations que me procuraient le fait de me replonger dans les différents épisodes de ma vie, et l’espèce de va-et-vient entre la petite et la grande histoire, lui déclarant, à propos du Dew Drop Inn : « Tu te rends compte, j’ai trouvé l’extrait d’un bouquin dans lequel, apparemment, des Noirs sont en train de manifester, en 1963, fuyant la police, pour aller se réfugier au Dew Drop Inn ! Ça veut dire qu’il existait déjà, à cette époque, en pleine révolte des Noirs ! »  


Je savais que ce lieu était magique. Quand j’y repense, j’ai l’impression de l’avoir rêvé, comme tout le reste à New York d’ailleurs. Il était de style ''vintage'' des années... 60, oui, avec ses banquettes en skaï rouge, et son S central dont le dossier délimitait l’estrade, à gauche du bar, qui recouvrait les deux tiers de la surface de ce petit tex-mex d’une soixantaine de mètres carrés. La plupart des tables du restaurant, une vingtaine au total, étaient disposées sur celle-ci, le long du S et contre le mur. Manno n’a pas trop réagi, et ne m’a jamais posé de question, sur ce que je lui disais être en train d’écrire – sans m’étendre, si ce n’est cette fois, tout excité par ma découverte –, mais se demandant peut-être un peu ce que j’étais encore en train de mijoter...
Je savais que ce lieu était magique. Quand j’y repense, j’ai l’impression de l’avoir rêvé, comme tout le reste à New York d’ailleurs. Il était de style ''vintage'' des années... 60, oui, avec ses banquettes en skaï rouge, et son S central dont le dossier délimitait l’estrade, à gauche du bar, qui recouvrait les deux tiers de la surface de ce petit tex-mex d’une... 60-aine de mètres carrés. On parie ? Prêts ? Mesurez ! C’est ça ? Aha ! Plus rien à prouver. La plupart des tables du restaurant, une... 60-aine au total. Prêts ? Comptez ? Elles sont combien ? 20 ? Je savais. C’était pour vous faire marcher. J’ai bien couru de l’une à l’autre, moi, pendant des mois. Elles étaient disposées le long du S et contre le mur. Manno n’a pas trop réagi, et ne m’a jamais posé de question, sur ce que je lui disais être en train d’écrire – sans m’étendre, si ce n’est cette fois, tout excité par ma découverte –, mais se demandant peut-être un peu ce que j’étais encore en train de mijoter...


Étape suivante : commander le bouquin sitet. Puis attendre qu’il parvînt jusqu’à moi, pour avoir le fin mot de l’histoire ! Et quel suspense ! Car pour attendre, j’ai attendu ! Il ne s’est en effet pas écoulé moins de quasiment trois mois avant que je ne l’eusse en mains ! Le livre acheté, à la fin de la conne, j’en ai reçu un, un mois et demi plus tard, que je m’étais également procuré sitet peu avant. Une belle et rayonnante Gwadloupéyèn me l’a livré, montant jusqu’au parking sous mon appartement avec sa voiture de fonction, et me narrant le bazar sans nom de l’écoulement des colis accumulés pa conne. Mais le surgissement de mon Dew Drop Inn de derrière les murs de Cathleen Wright-Lewis est encore longtemps demeuré à l’état d’espoir. Le livre, après cette première livraison pour un achat effectué, donc, juste avant, n’est jamais arrivé. Du moins a-t-il fallu... que je repassasse à la casse... euh... caisse. Destinataire désigné cette fois : Aita, afin d’éviter une nouvelle expédition jusqu’à l’autre rive de l’Atlantique. Ayant besoin d’autres babioles, que je commandais, les unes après les autres, il s’est encore écoulé un mois avant que je ne lui donnasse le feu vert pour l’envoi du paquet, dont je lui ai dit que j’allais m’arrêter avant qu’il n’attînt les trois mètres cubes. Je lui ai demandé de l’envoyer à La Poste de la ville de Rungis où Manno descend à l’hôtel entre deux vols.  
Étape suivante : commander le bouquin sitet. Puis attendre qu’il parvînt jusqu’à moi, pour avoir le fin mot de l’histoire ! Et quel suspense ! Car pour attendre, j’ai attendu ! Il ne s’est en effet pas écoulé moins de quasiment trois mois avant que je ne l’eusse en mains ! Le livre acheté, à la fin de la conne, j’en ai reçu un, un mois et demi plus tard, que je m’étais également procuré sitet peu avant. Une belle et rayonnante Gwadloupéyèn me l’a livré, montant jusqu’au parking sous mon appartement avec sa voiture de fonction, et me narrant le bazar sans nom de l’écoulement des colis accumulés pa conne. Mais le surgissement de mon Dew Drop Inn de derrière les murs de Cathleen Wright-Lewis est encore longtemps demeuré à l’état d’espoir. Le livre, après cette première livraison pour un achat effectué, donc, juste avant, n’est jamais arrivé. Du moins a-t-il fallu... que je repassasse à la casse... euh... caisse. Destinataire désigné cette fois : Aita, afin d’éviter une nouvelle expédition jusqu’à l’autre rive de l’Atlantique. Ayant besoin d’autres babioles, que je commandais, les unes après les autres, il s’est encore écoulé un mois avant que je ne lui donnasse le feu vert pour l’envoi du paquet, dont je lui ai dit que j’allais m’arrêter avant qu’il n’attînt les trois mètres cubes. Je lui ai demandé de l’envoyer à La Poste de la ville de Rungis où Manno descend à l’hôtel entre deux vols.  
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En découvrirais-je beaucoup plus sur le Dew Drop Inn que ce que je savais déjà de la phrase captée par le moteur de recherche d’Internet ? En serait-ce la seule et unique occurrence, dans l’histoire de la dame ? Ou en serait-il question dans d’autres pages ? Ta-dam !... Pages 1, 2, 3, 4, 5... 6 : le voilà, déjà ! « Les escapades aventureuses de Tres et de Deus avec Papa Joe, au Dew Drop Inn, dans Brown’s Village, les avaient convaincus que leur grand-père était le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps. Mais dans les rêves de Tres, le plus âgé des deux frères, une voix lui disait : ''“Dans vingt-six ans, un héros encore plus intrépide et mystérieux travaillera dans ce restaurant”'' » C’était donc bien un restaurant !!! MON restaurant !!! Par contre c’était quoi cette histoire débile de voix dans les rêves du petit ?... À moins que... Ce « héros encore plus intrépide et mystérieux », vingt-six ans plus tard... Mais oui !!! C’était moi !!! Sauf que... ce Brown’s Village ? Un village marron ? Devenu vert ? Qui a donné Green (vert)...which, le nom du quartier de mon Dew Drop Inn ? Et, surtout, en vrai, après « le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps », la phrase était : « Ils ne le connaissaient qu’en tant qu’homme de quatre-vingt-cinq ans, accessoirement toujours gérant de son propre magasin de disques, à Newport News, et n’en revenaient pas de ce qu’il avait accompli dans sa jeunesse. » Et c’est ''là'', que La Voix disait à Tres : « Ce n’était rien comparé au palmarès du héros encore plus intrépide et mystérieux qui allait travailler là vingt-six ans plus tard ! »
En découvrirais-je beaucoup plus sur le Dew Drop Inn que ce que je savais déjà de la phrase captée par le moteur de recherche d’Internet ? En serait-ce la seule et unique occurrence, dans l’histoire de la dame ? Ou en serait-il question dans d’autres pages ? Ta-dam !... Pages 1, 2, 3, 4, 5... 6 : le voilà, déjà ! « Les escapades aventureuses de Tres et de Deus avec Papa Joe, au Dew Drop Inn, dans Brown’s Village, les avaient convaincus que leur grand-père était le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps. Mais dans les rêves de Tres, le plus âgé des deux frères, une voix lui disait : ''“Dans vingt-six ans, un héros encore plus intrépide et mystérieux travaillera dans ce restaurant”'' » C’était donc bien un restaurant !!! MON restaurant !!! Par contre c’était quoi cette histoire débile de voix dans les rêves du petit ?... À moins que... Ce « héros encore plus intrépide et mystérieux », vingt-six ans plus tard... Mais oui !!! C’était moi !!! Sauf que... ce Brown’s Village ? Un village marron ? Devenu vert ? Qui a donné Green (vert)...which, le nom du quartier de mon Dew Drop Inn ? Et, surtout, en vrai, après « le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps », la phrase était : « Ils ne le connaissaient qu’en tant qu’homme de quatre-vingt-cinq ans, accessoirement toujours gérant de son propre magasin de disques, à Newport News, et n’en revenaient pas de ce qu’il avait accompli dans sa jeunesse. » Et c’est ''là'', que La Voix disait à Tres : « Ce n’était rien comparé au palmarès du héros encore plus intrépide et mystérieux qui allait travailler là vingt-six ans plus tard ! »


Bon, assez ri, pas l’ombre d’un restaurant, et encore moins de l’illustre héros (moi) à venir. Quant à ce magasin de disques à Newport News en Virginie ? C’est marrant, je ne l’ai tout de suite pas senti... Je ne suis allé à la pute<ref>Pêche aux infos sur Internet</ref>, ici, que lorsqu’un repassage m’y a amené, une dizaine de jours après avoir commencé à regarder derrière les murs de la communauté de Passion, Justice, Papa Joe, Tres et Deus. Sur Brown’s Village, sans trop insister toutefois, je n’ai rien trouvé de très probant. Mais, page 21, Madame Wright-Lewis m’en avait dit un peu plus sur ce fameux Village Marron, ou plutôt « des Marrons ». Les « marrons », ou « nègres marrons » (nèg mawon), étaient les esclaves, en Amérique et dans les Caraïbes, qui fuyaient la propriété de leurs maîtres et se réfugiaient dans la forêt, où des communautés se constituaient et s’organisaient pour résister et se révolter. D’où, certainement, le nom. Mais ni celui-ci ni le quartier qu’il désignait, évidemment, n’ont subsisté.  
Bon, assez ri, pas l’ombre d’un restaurant, et encore moins du Monsieur X à venir. Quant à ce magasin de disques à Newport News en Virginie ? C’est marrant, je ne l’ai tout de suite pas senti... Je ne suis allé à la pute<ref>Pêche aux infos sur Internet</ref>, ici, que lorsqu’un repassage m’y a amené, une dizaine de jours après avoir commencé à regarder derrière les murs de la communauté de Passion, Justice, Papa Joe, Tres et Deus. Sur Brown’s Village, sans trop insister toutefois, je n’ai rien trouvé de très probant. Mais, page 21, Madame Wright-Lewis m’en avait dit un peu plus sur ce fameux Village Marron, ou plutôt « des Marrons ». Les « marrons », ou « nègres marrons » (nèg mawon), étaient les esclaves, en Amérique et dans les Caraïbes, qui fuyaient la propriété de leurs maîtres et se réfugiaient dans la forêt, où des communautés se constituaient et s’organisaient pour résister et se révolter. D’où, certainement, le nom. Mais ni celui-ci ni le quartier qu’il désignait, évidemment, n’ont subsisté.  


Voilà ce qui, page 21, était révélé sur ce Village des Marrons – sur son emplacement du moins : « Mattie et Lettie sont devenues colocataires<ref>« On est colocataires » : c’était notre statut officiel, Manno et moi, quand on ne pouvait pas... « tout » dire aux gens à qui on s’adressait. On a bien ri avec ça.</ref> et âmes sœurs pour la vie. L’appartement que Mattie avait trouvé se situait dans Brown’s Village, un quartier peuplé de quantité de gens du coin, à proximité de la voie ferrée de Long Island, et où les opportunités de travail ne manquaient pas. » Long Island : ouh là, on s’éloigne ! Je pense que c’est mort. Et puis, page 26, patatras : « Le temps que le bus démarre, il était déjà 9 heures. Depuis son siège, à l’arrière du bus, Passion a vu Mama Lettie, à travers la vitre, discutant avec Papa Joe devant le Dew Drop Inn... » Le Dew Drop Inn quoi ??? Le Dew Drop Inn... ''Record Shop'' ! Le Dew Drop Inn du village pas vert du papi gérant d’un magasin de disques en Virginie, c’était donc bien aussi... un magasin de disques !!! Miséricorde. Je n’ai jamais retrouvé MON Dew Drop Inn, ni dans le passé du passé, ni dans le passé du présent. Il n’a existé que dans le passé du passé du présent. Et encore, en suis-je bien certain, ou n’était-ce vraiment qu’un rêve ?<ref>Et Christopher Street c’était bien la rue du Dew Drop Inn pourtant, il me semble ! J’ai posé la question à Sylvie. Sa réponse : « ''Sorry'' mais je ne sais pas. » Hmmm, je sens que je vais bien m’amuser, le jour où je retournerai faire mon Xaberlock Holmes sur les lieux !</ref> Cathleen m’a beaucoup déçu. Pas vrai. Son livre est une merveilleuse découverte. Merci la Matrice, DiBoudAngelu et tout. Et vous m’avez bien fait... vibrer !!!
Voilà ce qui, page 21, était révélé sur ce Village des Marrons – sur son emplacement du moins : « Mattie et Lettie sont devenues colocataires<ref>« On est colocataires » : c’était notre statut officiel, Manno et moi, quand on ne pouvait pas... « tout » dire aux gens à qui on s’adressait. On a bien ri avec ça.</ref> et âmes sœurs pour la vie. L’appartement que Mattie avait trouvé se situait dans Brown’s Village, un quartier peuplé de quantité de gens du coin, à proximité de la voie ferrée de Long Island, et où les opportunités de travail ne manquaient pas. » Long Island : ouh là, on s’éloigne ! Je pense que c’est mort. Et puis, page 26, patatras : « Le temps que le bus démarre, il était déjà 9 heures. Depuis son siège, à l’arrière du bus, Passion a vu Mama Lettie, à travers la vitre, discutant avec Papa Joe devant le Dew Drop Inn... » Le Dew Drop Inn quoi ??? Le Dew Drop Inn... ''Record Shop'' ! Le Dew Drop Inn du village pas vert du papi gérant d’un magasin de disques en Virginie, c’était donc bien aussi... un magasin de disques !!! Miséricorde. Je n’ai jamais retrouvé MON Dew Drop Inn, ni dans le passé du passé, ni dans le passé du présent. Il n’a existé que dans le passé du passé du présent. Et encore, en suis-je bien certain, ou n’était-ce vraiment qu’un rêve ?<ref>Et Christopher Street c’était bien la rue du Dew Drop Inn pourtant, il me semble ! J’ai posé la question à Sylvie. Sa réponse : « ''Sorry'' mais je ne sais pas. » Hmmm, je sens que je vais bien m’amuser, le jour où je retournerai, TOUT SEUL !... en prenant tout le temps qu’il faudra... faire mon Xaberlock Holmes sur les lieux !</ref> Cathleen m’a beaucoup déçu. Pas vrai. Son livre est une merveilleuse découverte. Merci la Matrice, DiBoudAngelu et tout. Et vous m’avez bien fait... vibrer !!!


Au trou quel hutard. Suite à mon récit, ci-dessus, de ma reconnaissance du quartier de Brown’s Village effectuée après deux mois de suspense, j’y suis reparti au point où je l’avais laissé pour arriver, page 165, à ce passage : « Malik respira profondément, s’efforçant de ralentir son rythme cardiaque, afin de reprendre ses esprits. Il se mit à émettre le son “Om”, du plus profond de sa cage thoracique, et à réciter le mantra qu’un yogi qu’il avait rencontré en ville, à Greenwhich Village, lui avait enseigné. Ça le tranquillisait, et ça l’adoucissait, d’habitude, après un épisode de flashbacks. » Non mais, Angelu, tu me nargues maintenant, après que j’eus tant espéré que le Dew Drop Inn de Cathleen était bien le Dew Drop Inn de Greenwhich Village !... Et avec ces histoires de son “Om”, de mantra et de yogi en plus ?! Pourquoi pas un Xabik yogi tant que t’y es ?! Angelu : « Quoi ? Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé ça canon, encore, pour le tien, de bouquin, sur les synchronicités ! » Mais oui, bisû. T’es vraiment trop, trop fort mon Gay Loulou.
Au trou quel hutard. Suite à mon récit, ci-dessus, de ma reconnaissance du quartier de Brown’s Village effectuée après deux mois de suspense, j’y suis reparti au point où je l’avais laissé pour arriver, page 165, à ce passage : « Malik respira profondément, s’efforçant de ralentir son rythme cardiaque, afin de reprendre ses esprits. Il se mit à émettre le son “Om”, du plus profond de sa cage thoracique, et à réciter le mantra qu’un yogi qu’il avait rencontré en ville, à Greenwhich Village, lui avait enseigné. Ça le tranquillisait, et ça l’adoucissait, d’habitude, après un épisode de flashbacks. » Non mais, Angelu, tu me nargues maintenant, après que j’eus tant espéré que le Dew Drop Inn de Cathleen était bien le Dew Drop Inn de Greenwhich Village !... Et avec ces histoires de son “Om”, de mantra et de yogi en plus ?! Pourquoi pas un Xabik yogi tant que t’y es ?! Angelu : « Quoi ? Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé ça canon, encore, pour le tien, de bouquin, sur les synchronicités ! » Mais oui, bisû. T’es vraiment trop, trop fort mon Gay Loulou.

Version actuelle datée du 15 avril 2025 à 10:49

Mon cinquantenaire...

Fin 2018. Relou. Je me suis lancé dans l’organisation de ce qui devait uniquement être, à l’origine, la fête de mes cinquante ans. À l’attaque. Choix du lieu de la fête, élaboration du texte de l’invitation puis, le 1er janvier 2019, d’une pierre deux deux coups : envoi de mon roman invit-et-vœux. Ainsi me suis-je jeté à l’eau. Dans laquelle je ne savais pas que nous allions manquer, le jour de la fête, de finir. Après en avoir été très loin, lors de toutes les fêtes précédentes. Mes premières démarches, en décembre 2018, dans ma recherche d’une salle et d’un lieu où nous puissions tous-toutes loger de sorte, comme toujours, de ne pas boire toute la nuit puis conduire – les mœurs ayant donc fort heureusement bien évolué au cours des décennies sur ce plan –, m’ont en effet... conduit au bord de la mer. Alors que les noubas orchestrées en Euskadi, tant par moi-même que par d’autres membres de ma famille, l’avaient toujours été à l’intérieur des terres. Pour celle que je prévoyais, quand j’ai contacté, fin 2018, le numéro trouvé pour la salle que j’avais choisie, le premier week-end après le 30 septembre que je souhaitais était déjà pris. Finalement arrêtée aux 2 et 3 novembre 2019, soit exactement un an après la mort d’Ama, la fête de mon demi-siècle est ainsi devenue celle des « 1 An d’Ama dans l’Au-delà et des 50 ans de Xabi Ici-bas », la « BestAmaXab ».

Des terres à la mer, du vrai au faux Euskadi : c’était décidé, en 2019, pour changer, nous nous rassemblerions dans le simili ! Ama, après ses pins des Landes, n’était plus à ça près ! Adjugé, vendu ! Parfait alignement des planètes, en effet, confirmé par ce bel ordonnancement des statistiques qui ont accroché mon regard à l’instant de l’adoption de cette formule de rêve : 233 pages sur 332. 185 666 mots apparus sur « ordonnancement » ? Tiens, tiens, qu’est-ce que ce top nopapa peut bien chercher à exprimer en retour ?… Mais les chiffres m’ont encore dit leur ravissement, et à quel point ils approuvaient mon choix de l’Espace de l’Océan, aux Sables d’Or (après les « Enfants en Or[1] » de l’A80), quand j’ai glissé le 9 du mois et le 69 de l’année de ma date de naissance dans le code d’activation du bénéficiaire « Espace de l’Océan » créé sur le site Internet de mon compte bancaire. Après l’y avoir ajouté, en effet, en vue des futurs paiements pour la fiesta à venir, mon téléphone portable a affiché… le 66969 ! Ma traduction elle-même de souligner un peu plus encore la pertinence de mon choix… avec 696 mots au compteur, quand je me suis occupé de ça, comme le 696 du code encadré... par un 6 et un 9. Taquins les chiffres de celui-ci ceci dit aussi, avec trois fois le 6 encore l’air de rien. Annonçaient-ils une joie… pimentée ? Savaient-ils que ça allait… secouer ? Suspense ! Et l’invitation était lancée :

Le Gosier, Guadeloupe, le 1er janvier 2019
Kaixo Deneri ![2] Salut la Compagnie !
Ama [photo de la belle], depuis son paradis céleste, et Xabi, depuis son paradis terrestre [ma bouille sous les cocotiers], vous souhaitent :
UNE BONNE ANNÉE 2019 ! URTE BERRI GOXO ETA EDER BAT ![3]
Ce bel an neuf ! Prometteur de sublimes événements ! À tel point, figurez-vous, que c’est un 1er de l’an que votre Xabi… a été conçu ! Calculez vous-même : du 1er janvier au 30 septembre, jour de ma naissance, ça fait pile neuf mois ! Le temps d’une grossesse ! Et il n’y a aucun doute là-dessus, puisque comme tu me le narras un jour Ama, Aita s’était exclamé, à l’issue de vos ébats entre deux verres de champagne, pendant la nuit de la Saint-Sylvestre de 1969 (année érotique oblige) : « Je crois que je t’ai fait un Xabi ! »
Bon, c’est là que tu t’esclaffes, Ama, dans ton impayable « bah ! que tu es sot ! » N’importe quoi je sais, c’est jamais neuf mois exactement, surtout quand on est né, comme moi… avec un mois d’avance ! Raté. Mais non, pas ton fils ! Je ne te ferais pas cet affront. Pour les neuf mois, je veux dire, et la thèse du 1er de l’an annonciateur de merveilles. Je n’ai donc pas tenu ce fameux temps de la grossesse, pressé que j’étais de vivre, connaître, rencontrer, découvrir, m’éclater ! Il semblerait que, jeune, tu fus un peu plus sage que moi… mais tu étais la joie de vivre incarnée[4] et, comme je t’ai connue, certainement pas non plus la dernière à festoyer. Alors voilà, je sais que l’idée te ravit et te comble de joie : faire la fête en notre honneur à tous les deux !
Et donc… damak eta zaldunak[5], gentes dames et fiers damoiseaux, Ama, pour ses 1 an dans l’Au-delà, et Xabi, pour ses 50 ans ici-bas, vous invitent...
À FAIRE LA FÊTE !!!
« Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle ! », entends-je en tapant ces mots, alors que j’ai calé, dans un coin de mon ordinateur… la messe de Noël donnée en la Basilique Saint-Pierre ! Sur laquelle je suis tombé un peu par hasard, je précise, mais que j’ai laissée, fasciné par le faste et l’atmosphère de ce lieu… Que nous avons visité tous les deux, Ama ! Pas ensemble, mais toi et moi y sommes allés. Tu m’avais ramené un petit carré en céramique représentant Saint François-d’Assise les bras tendus vers des colombes dans leur envol, connaissant ma passion pour les oiseaux.
Voici que nous venons vous annoncer… Ce n’est pas, personnellement, que je me prenne pour le messie [mais si !!!], même si j’ai entendu, toute ma vie, que je ressemblais à Jésus [bé oui !!! puisque Lui je suis !!!]. Et bien qu’il me prît de Le singer, un jour, ou plutôt une nuit, avant même que l’on ne me l’eût jamais dit. C’était lors de ma première cuite, à 14 ans, aux Fêtes de Bayonne, sous l’égide de ma grande sœur : au retour, peu avant la Villa Arans, je me suis accroché, les bras en croix, à la grille d’une haie, et le sketch a commencé. Je vois encore Sabine, plantée devant moi qui me regardait, d’un air entendu, et tout le monde hilare. Non, ce n’est pas ça, pensez-vous, mais Ama si tu avais voulu me signifier ton enthousiasme, n’eus-tu pu t’y prendre comme cela ? Hein ? Elle te branche toi aussi cette idée, n’est-ce pas ?
La nouvelle est donc, pour notre part, que nous souhaitons vous rassembler, toutes et tous, pour une fiesta du tonnerre[6] !
ALORS À VOS AGENDAS !
Le mot « rendez-vous » retentit du coin de mon écran à ce moment-là, non plus depuis le Vatican, la rédaction de la présente missive se poursuivant un autre jour, mais… C’est encore toi Ama, hein ? Voilà que tu trépignes maintenant, et je t’entendrais presque me dire : « Allez mon chéri, donne-leur, ce rendez-vous ! » Tes désirs sont des ordres Ama ! Vous êtes témoin, elle y tient ! Et espère bien que personne ne manquera à l’appel !
Ce sera donc :
Les Samedi 2 et Dimanche 3 novembre 2019.
Le lieu :
Espace de l’Océan, Sables d’Or, Anglet
Le programme :
Samedi 2 Novembre de 18h à 6h le lendemain :
☺ Apéritif et Repas ☺ Soirée ☺ Show Interactif ☺ Danses ☺ DJ ☺
Dimanche 3 Novembre de 13h à 19h :
☺ Brunch ☺ Refête ☺
[+ clou du spectacle, que je n’avais pas encore programmé : la chorale de Xantal et Migel, les Lauhaizetara !]
Tu m’as mis au monde, Ama, le 30 septembre 1969*. Tu as quitté ce monde le 1er novembre 2018. Le jour de la Toussaint. Ce jour-là sera au recueillement.
Rendez-vous est fixé avec notre Peio après Pâques pour tâcher d’organiser une cérémonie en ton honneur, en l’église Sainte-Marie, où tes obsèques ont été célébrées.
(*C’eut pu ou dû être… le 1er novembre justement… sans mon empressement…)
Ama t’es vraiment une coquine. Allez, avoue que c’est toi qui me l’as soufflée cette idée ! Comment, sinon, de fil en aiguille, ai-je atterri aux Sables d’Or, en face du restaurant La Rotonde, où nous nous sommes retrouvés après tes obsèques, à deux pas de l’Église Sainte-Marie ? Au bord de la mer, en rupture avec une longue tradition de fêtes, anniversaires, mariages et autres rassemblements à l’intérieur des terres ! Dont la fête, inoubliable, de mes 40 ans… et de tes 80 ans ! J’ai été comme attiré, inexorablement, vers ce lieu… Et quelle ne fut pas ma déception quand j’ai appris, la première fois que j’ai appelé l’office de tourisme d’Anglet, que les 5 et 6 octobre, le premier week-end après le 30 septembre, la salle n’était pas disponible ?
Je n’avais en tête que mes 50 ans, même si, bien sûr, je prévoyais de te mettre à l’honneur. Puis l’idée a fini par germer dans mon ciboulot que je pouvais aussi fêter tes 1 an dans l’Au-delà, en plus de mes 50 ans ici-bas ! Et ce 1er novembre qui tombait un vendredi, à la veille du week-end !…
Bien joué Ama ! Bel alignement des planètes, avec ton coup de pouce. Continue comme ça !
Hébergement du 2 au 3 novembre : Des réservations seront effectuées à proximité immédiate pour celles et ceux qui le souhaitent, et pour que personne ne prenne la voiture après… ça : [copier/coller de coupes, verres à pied et autres verres à cocktail de la Toile].
Participation : pour mes 40 ans c’était 40 € par tête de pipe [photo d’une pipe antique – ah mais il fallait voir tout ça, c’était chiadé !]. Pour mes 50 ans ce sera 50 €. Na. (25 € pour les enfants. 30 € pour un seul jour, 15 € pour les enfants). Si problème vous donnerez ce que vous pourrez…[7]
Cadeau : si vous voulez, en plus, nous faire un petit cadeau, une urne sera mise à votre disposition, et la totalité de vos dons, comme pour les 600 euros récoltés lors des obsèques d’Ama, sera reversée au Collectif Diakité de SOUTIEN AUX MIGRANTES ET MIGRANTS. (Au moment où je surligne « soutien aux migrantes et migrants » pour le mettre en majuscule, le mot migrant est prononcé à la radio, malheureusement pour évoquer une énième mesure fascisante, genre mise en place de brigades pour surveiller les frontières. Nouveau message d’Ama, qui applaudit à l’initiative. Bien reçu !)
Janeta, flanquée de mes amak bis et ter, et moi d’un lézard* [avec la photo qui va bien], vous disons :
IZAN UNTXA[8] et à bientôt…
pour de prochaines communications en vue de ces nouvelles retrouvailles !
(* « J’étais lézard avant d’être renard ! », ai-je crié toute ma vie sur les toits. D’où mon héliophilie, un destin tropical et ce pouvoir d’enfanter ladite bestiole par la bouche [photo de ma face et d’un lézard à la commissure de mes lèvres]. Ça me fait penser, Ama bis, qu’il faudra que j’inscrive ton sketch de la grenouille au programme du show du samedi soir. Prépare tes croassements[9]. T’as 10 mois. Vous faites bien des enfants en 9 mois, et donc même des fois moins que ça**.)
(** Pour moi c’était 8. 10, 9, 8... le compte à rebours vers le Grawek était lancé !)


... Et celui de la mobilisation pour les droits des homosexuels-uelles

« 69 année érotique » : c’était le titre de l’émission « Stupéfiant » qui passait, dans le coin de mon ordinateur, pendant que je travaillais sur le texte de l’invitation à la BestAmaXab. J’ai écrit « AMA », dans mon invitation, au-dessus d’un arc-en-ciel sur « arc-en-ciel » : au-dessus de l’image de celui-ci, pêchée sur la Toile, au moment où Judy Garland, dans sa chanson « Somewhere over the Rainbow » (Quelque-part au-dessus de l’arc-en-ciel), devenue l’hymne de la révolte gay de Greenwich Village de 1969, pendant l’émission, l’a prononcé. 1969 : la rébellion des clients du bar gay Stonewall Inn, un des premiers « du genre » à New York, dans Christopher Street, suite à l’interpellation de quelques-uns d’entre eux par la police, a embrasé tout le quartier de Greenwich Village. Les émeutes de Stonewall, l’année de ma naissance, ont donc constitué un événement charnière dans la lutte pour les droits des homosexuels et contre l’homophobie ! Je me suis souvenu, en reprenant cette nochiée, après avoir rédigé le passage concernant ma recherche désespérée de l’emplacement, non pas du Stonewall Inn, mais du Dew Drop Inn où j’ai travaillé, qu’il se trouvait également dans Christopher Street ! Et, enfin, quelques gouttelettes du Dew ont scintillé sitet, dans un passage du roman de Cathleen Wright-Lewis, Maurya’s Seed: Why Hope Lives Behind Project Walls[10] : « Mais alors qu’ils arrivaient à hauteur de Christopher Street, à un angle de rue avant le Dew Drop Inn, Passion a porté sa main à son ventre comme si elle était prise d’une énorme crampe, et elle est tombée à terre. »[11]

Je me suis donc bien entendu ensuite enquis d’en savoir davantage sur ce mystérieux ouvrage ! Et voici le résumé que j’en ai trouvé : « Maurya’s Seed est la chronique de la période d’après l’esclavage. Elle décrit la situation des descendants d’esclaves africains établis dans l’Amérique urbaine, et ce exactement cent ans après la signature de la Proclamation d’émancipation. Ce centenaire, en 1963, qui ne disait pas son nom, apparaît comme le contexte idéal pour une narration du combat dans lequel allaient devoir s’engager, de toutes leurs forces, les Afro-américains. » Je ne me sentais plus de joie. J’ai dit à Manno les incroyables sensations que me procuraient le fait de me replonger dans les différents épisodes de ma vie, et l’espèce de va-et-vient entre la petite et la grande histoire, lui déclarant, à propos du Dew Drop Inn : « Tu te rends compte, j’ai trouvé l’extrait d’un bouquin dans lequel, apparemment, des Noirs sont en train de manifester, en 1963, fuyant la police, pour aller se réfugier au Dew Drop Inn ! Ça veut dire qu’il existait déjà, à cette époque, en pleine révolte des Noirs ! »

Je savais que ce lieu était magique. Quand j’y repense, j’ai l’impression de l’avoir rêvé, comme tout le reste à New York d’ailleurs. Il était de style vintage des années... 60, oui, avec ses banquettes en skaï rouge, et son S central dont le dossier délimitait l’estrade, à gauche du bar, qui recouvrait les deux tiers de la surface de ce petit tex-mex d’une... 60-aine de mètres carrés. On parie ? Prêts ? Mesurez ! C’est ça ? Aha ! Plus rien à prouver. La plupart des tables du restaurant, une... 60-aine au total. Prêts ? Comptez ? Elles sont combien ? 20 ? Je savais. C’était pour vous faire marcher. J’ai bien couru de l’une à l’autre, moi, pendant des mois. Elles étaient disposées le long du S et contre le mur. Manno n’a pas trop réagi, et ne m’a jamais posé de question, sur ce que je lui disais être en train d’écrire – sans m’étendre, si ce n’est cette fois, tout excité par ma découverte –, mais se demandant peut-être un peu ce que j’étais encore en train de mijoter...

Étape suivante : commander le bouquin sitet. Puis attendre qu’il parvînt jusqu’à moi, pour avoir le fin mot de l’histoire ! Et quel suspense ! Car pour attendre, j’ai attendu ! Il ne s’est en effet pas écoulé moins de quasiment trois mois avant que je ne l’eusse en mains ! Le livre acheté, à la fin de la conne, j’en ai reçu un, un mois et demi plus tard, que je m’étais également procuré sitet peu avant. Une belle et rayonnante Gwadloupéyèn me l’a livré, montant jusqu’au parking sous mon appartement avec sa voiture de fonction, et me narrant le bazar sans nom de l’écoulement des colis accumulés pa conne. Mais le surgissement de mon Dew Drop Inn de derrière les murs de Cathleen Wright-Lewis est encore longtemps demeuré à l’état d’espoir. Le livre, après cette première livraison pour un achat effectué, donc, juste avant, n’est jamais arrivé. Du moins a-t-il fallu... que je repassasse à la casse... euh... caisse. Destinataire désigné cette fois : Aita, afin d’éviter une nouvelle expédition jusqu’à l’autre rive de l’Atlantique. Ayant besoin d’autres babioles, que je commandais, les unes après les autres, il s’est encore écoulé un mois avant que je ne lui donnasse le feu vert pour l’envoi du paquet, dont je lui ai dit que j’allais m’arrêter avant qu’il n’attînt les trois mètres cubes. Je lui ai demandé de l’envoyer à La Poste de la ville de Rungis où Manno descend à l’hôtel entre deux vols.


Le soulèvement des Afro-Américains en 1963 à New York et le mystère du Dew Drop Inn (où j’ai taffé)

L’échéance de la période au-delà de laquelle mon stew[12] m’avait avisé qu’il ne volerait pas et qu’il ne remettrait pas les pieds à Rungis pendant quinze jours, après plusieurs escales au cours de la première moitié du mois de septembre, approchait. Go, papa, go ! On a ri de ce feuilleton à n’en plus finir, où je lui ai demandé X fois d’attendre que lui-même réceptionnât l’objet suivant. Et lorsque le tout est parti, un samedi, ça ne pouvait plus arriver à Rungis qu’au mieux le mardi d’après... le dernier jour avant le départ de Manno ! Au téléphone, après avoir dit à Manno « si tout va bien le colis sera là mardi », j’ai pris mes petits doigts et les ai croisés. Et le mardi, ouf, le suivi sur le site de La Poste indiquait qu’il était arrivé. Manno est allé le récupérer puis, relou, me l’a apporté. J’ai récité 1 963[13] « Om Dew Drop Namaha », priant que Cathleen me confirmerait le caractère historique et éminemment symbolique de ce théâtre (au sens de lieu, c’est un resto, attention !) de l’exercice, en 1989 et 1990, de mes fonctions de coureur-débarrasseur. Puis j’ai ouvert le carton et en ai extrait le livre, dont j’ai attaqué la lecture.

En découvrirais-je beaucoup plus sur le Dew Drop Inn que ce que je savais déjà de la phrase captée par le moteur de recherche d’Internet ? En serait-ce la seule et unique occurrence, dans l’histoire de la dame ? Ou en serait-il question dans d’autres pages ? Ta-dam !... Pages 1, 2, 3, 4, 5... 6 : le voilà, déjà ! « Les escapades aventureuses de Tres et de Deus avec Papa Joe, au Dew Drop Inn, dans Brown’s Village, les avaient convaincus que leur grand-père était le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps. Mais dans les rêves de Tres, le plus âgé des deux frères, une voix lui disait : “Dans vingt-six ans, un héros encore plus intrépide et mystérieux travaillera dans ce restaurant” » C’était donc bien un restaurant !!! MON restaurant !!! Par contre c’était quoi cette histoire débile de voix dans les rêves du petit ?... À moins que... Ce « héros encore plus intrépide et mystérieux », vingt-six ans plus tard... Mais oui !!! C’était moi !!! Sauf que... ce Brown’s Village ? Un village marron ? Devenu vert ? Qui a donné Green (vert)...which, le nom du quartier de mon Dew Drop Inn ? Et, surtout, en vrai, après « le héros le plus intrépide et mystérieux de tous les temps », la phrase était : « Ils ne le connaissaient qu’en tant qu’homme de quatre-vingt-cinq ans, accessoirement toujours gérant de son propre magasin de disques, à Newport News, et n’en revenaient pas de ce qu’il avait accompli dans sa jeunesse. » Et c’est , que La Voix disait à Tres : « Ce n’était rien comparé au palmarès du héros encore plus intrépide et mystérieux qui allait travailler là vingt-six ans plus tard ! »

Bon, assez ri, pas l’ombre d’un restaurant, et encore moins du Monsieur X à venir. Quant à ce magasin de disques à Newport News en Virginie ? C’est marrant, je ne l’ai tout de suite pas senti... Je ne suis allé à la pute[14], ici, que lorsqu’un repassage m’y a amené, une dizaine de jours après avoir commencé à regarder derrière les murs de la communauté de Passion, Justice, Papa Joe, Tres et Deus. Sur Brown’s Village, sans trop insister toutefois, je n’ai rien trouvé de très probant. Mais, page 21, Madame Wright-Lewis m’en avait dit un peu plus sur ce fameux Village Marron, ou plutôt « des Marrons ». Les « marrons », ou « nègres marrons » (nèg mawon), étaient les esclaves, en Amérique et dans les Caraïbes, qui fuyaient la propriété de leurs maîtres et se réfugiaient dans la forêt, où des communautés se constituaient et s’organisaient pour résister et se révolter. D’où, certainement, le nom. Mais ni celui-ci ni le quartier qu’il désignait, évidemment, n’ont subsisté.

Voilà ce qui, page 21, était révélé sur ce Village des Marrons – sur son emplacement du moins : « Mattie et Lettie sont devenues colocataires[15] et âmes sœurs pour la vie. L’appartement que Mattie avait trouvé se situait dans Brown’s Village, un quartier peuplé de quantité de gens du coin, à proximité de la voie ferrée de Long Island, et où les opportunités de travail ne manquaient pas. » Long Island : ouh là, on s’éloigne ! Je pense que c’est mort. Et puis, page 26, patatras : « Le temps que le bus démarre, il était déjà 9 heures. Depuis son siège, à l’arrière du bus, Passion a vu Mama Lettie, à travers la vitre, discutant avec Papa Joe devant le Dew Drop Inn... » Le Dew Drop Inn quoi ??? Le Dew Drop Inn... Record Shop ! Le Dew Drop Inn du village pas vert du papi gérant d’un magasin de disques en Virginie, c’était donc bien aussi... un magasin de disques !!! Miséricorde. Je n’ai jamais retrouvé MON Dew Drop Inn, ni dans le passé du passé, ni dans le passé du présent. Il n’a existé que dans le passé du passé du présent. Et encore, en suis-je bien certain, ou n’était-ce vraiment qu’un rêve ?[16] Cathleen m’a beaucoup déçu. Pas vrai. Son livre est une merveilleuse découverte. Merci la Matrice, DiBoudAngelu et tout. Et vous m’avez bien fait... vibrer !!!

Au trou quel hutard. Suite à mon récit, ci-dessus, de ma reconnaissance du quartier de Brown’s Village effectuée après deux mois de suspense, j’y suis reparti au point où je l’avais laissé pour arriver, page 165, à ce passage : « Malik respira profondément, s’efforçant de ralentir son rythme cardiaque, afin de reprendre ses esprits. Il se mit à émettre le son “Om”, du plus profond de sa cage thoracique, et à réciter le mantra qu’un yogi qu’il avait rencontré en ville, à Greenwhich Village, lui avait enseigné. Ça le tranquillisait, et ça l’adoucissait, d’habitude, après un épisode de flashbacks. » Non mais, Angelu, tu me nargues maintenant, après que j’eus tant espéré que le Dew Drop Inn de Cathleen était bien le Dew Drop Inn de Greenwhich Village !... Et avec ces histoires de son “Om”, de mantra et de yogi en plus ?! Pourquoi pas un Xabik yogi tant que t’y es ?! Angelu : « Quoi ? Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé ça canon, encore, pour le tien, de bouquin, sur les synchronicités ! » Mais oui, bisû. T’es vraiment trop, trop fort mon Gay Loulou.

  1. Des majuscules ? Y en bien une sur « Sable » ! Alors entre des enfants et du sable...
  2. « Kaïcho dénéri » : Salut tout le monde
  3. « Ourté berri gocho éta édèr bat » : Une douce et belle année
  4. Telle mère, tel fils. Si j’en crois Hugo qui, alors que lui, ses parents, sa sœur et moi-même nous nous trouvions, en Guadeloupe, en pleine ascension de la Soufrière, après que je lui eus raconté ma mésaventure de la côte fêlée au cours de mon séjour avec Denis au Club Aquarius de La Plagne, lui disant que je ne pouvais plus rigoler, à cause de la douleur : « Ça devait pas être évident, pour toi la joie de vivre incarnée ! » Mais reconnaissons, Ama, pour nous dépommader un peu, que nous n’avons pas non plus toujours été les derniers à bougonner.
  5. « Damak éta chaldounak » : Mesdames et Messieurs
  6. Je ne croyais pas si bien dire : il n’a manqué que celui-là !!!
  7. Pas question que quiconque ne se pointe pas parce que ric-rac !
  8. « Issann ountcha », littéralement « être bien » : portez-vous/porte-toi bien.
  9. Graxiana nous en a pété un d’enfer, un jour dans les jardins de l’Hélio avec Ama. Nous étions accoudées-dé, tous les trois, sur le rebord de la palissade d’un étang au centre du parc. J’étais en train de raconter qu’en marchant bras dessus, bras dessous avec Ama, quelle jutôte, dans le couloir en direction de son unité, j’avais vu une grenouille collée à l’extérieur sur la vitre de la baie qui le longeait, et que j’avais d’abord prise pour un autocollant. Sur ce, Ama, fixant l’étang, a alors dit : « Mais y en a une, grenouille, là ! » Elle était certes un peu ramollo (Ama, malheureusement, oui, pas la grenouille...), le ton l’était aussi, mais ça en rendait presque la scène encore plus comique. Elle était en effet les yeux braqués sur le petit batracien, sur une feuille, à la surface de l’étang, que ni Graxiana ni moi n’avions remarqué. Et Graxiana s’est mise à croasser.
  10. « La descendance de Maurya [roi africain]. L’espoir derrière les murs des Projects » : il s’agit des « projets immobiliers », ou ensembles de logements construits dans Brooklyn au fur et à mesure du peuplement de la zone par des descendants-dantes d’esclaves.
  11. Tatibi
  12. « Stiou » : steward
  13. 9, 6, 3 = Quelle séquence !... Je sens que je ne vais pas être déçu !!! J’ai écrit, le lendemain, revenant sur mes catacunus-sapocus (tout un passage que j’ai failli perdre... comme par hasard [s’agissant de catas], dans un copier/couper/pas-recollé]) : « J’ai brûlé six ans d’aller dans ce pays [en Haïti], entre ma rencontre avec Manno, le 18 septembre 2003, et le jour où, enfin, nous nous y sommes envolés, depuis notre île, le 24 décembre 2009. » 6 de six ans, 3 de 2003, 9 de 2009. La même série dans le désordre. Mais ces chiffres contiennent aussi... l’effroyable 230 000 que le nombre des victimes du tremblement de terre, en Haïti, a avoisiné...
  14. Pêche aux infos sur Internet
  15. « On est colocataires » : c’était notre statut officiel, Manno et moi, quand on ne pouvait pas... « tout » dire aux gens à qui on s’adressait. On a bien ri avec ça.
  16. Et Christopher Street c’était bien la rue du Dew Drop Inn pourtant, il me semble ! J’ai posé la question à Sylvie. Sa réponse : « Sorry mais je ne sais pas. » Hmmm, je sens que je vais bien m’amuser, le jour où je retournerai, TOUT SEUL !... en prenant tout le temps qu’il faudra... faire mon Xaberlock Holmes sur les lieux !