Chapitre 2 – Chats alors !
J’ai enculé[1], le samedi 21 août 2021[2], quelques pochimis-mies[3] :
Après que j’ai écrit à DenJoSabMaLéHu, hier matin, depuis la plage de La Datcha à Gozyé, j’ai juste eu le temps de bien rapoter[4], et bam. Cinq policiers-cière (4 ciers et une cière) plantaient devant leur camionnette, en bordure du parking de la plage, pendant que je telpotapotais[5]. Je les observais, moqueur, me disant « les pauvres, z’ont l’air tout dépités », à la vue de la foule, certes pas comme en temps normal, mais y avait quand-même un de ces mondes. « Je sens que ça va sévir », avais-je telpotapoté en ce même lieu à Fifoune au tout début de ce conf-X, car « tout le monde s’en fout, apparemment ». Les bars-restos étaient même encore ouverts. Mais dès le lendemain, ça, c’était terminé.
Les keufs, à la Datcha, sont donc bel et bien passés à l’action. Pendant que je rapotais. Je ne m’étais rendu compte de rien, et pour cause. Après avoir exécuté trois tours de l’îlet Gozyé, à un kilomètre au large, faisant fi, à ses abords, des barrières affleurantes de corail, des vagues et des barracudas de quatre mètres de long, j’ai repris la direction de la plage. Et là, ô surprise : elle s’était presque entièrement vidée ! Je n’ai pas tout de suite vu les flics, me demandant qu’est-ce que c’était encore que cet étanome[6].
Parvenu près du bord, nageoires repliées, j’effectuai, sur mes deux membres inférieurs de bipède du radin[7] que, non, je n’ai pas cessé d’être, les derniers mètres vers le sable. Ô surprise 2 : les hommes et la femme noirs-noire en noir. Ielles ne dépitaient donc pas, quand ielles m’étaient apparus-rue, pendant mon telpotapotage, mais ruminaient leur stratégie. Ielles étaient allés-lée prendre la plage par l’autre bout, la ratissant de ses incivils-viles occupants-pantes. C’est d’abord la policière, qui marchait de long de l’eau, un peu plus loin sur ma droite, que j’ai vue me faire signe de dégager. J’avançais moi-même vers elle en diagonale dans le sens opposé à la sortie de la plage. Un de ses collègues arrivé à mon niveau m’a lancé : « Non, pas par là, par ici !! », me signifiant que la sortie, donc, c’était de l’autre côté. « Mes affaires sont là », lui ai-je répondu en les pointant du doigt. Il venait d’employer un ton du genre : « T’as de la chance que je ne te verbalise pas, espèce de citoyen indigne !! ». J’ai vu le moment où j’avais droit à la fessée du Gamalabanawa[8]. Mais rien, tu parles.
J’ai qualifié l’année dernière la pandémie de « test grandeur nature du sens de la collectivité et des responsabilités des citoyens-yennes" (vodou papi[9] 66 [Livre]/67 [XabiWiki]). Mais il y a d’un côté l’incurie des gouvernements sans laquelle la crise aurait pu être gérée beaucoup plus efficacement et le problème au moins en grande partie rapidement réglé. Or il n’est plus de Politique et Politiques dignes de ce nom, au sens de l’Art d’Organiser la Vie en Collectivité, au mieux des intérêts des femmes et des hommes qui la composent, et de Femmes et Hommes d’Etat dont ce serait le dessein. Il n’est plus que des soldats-dates du Graal[10] (vodou papi 16, vers la fin). Je suis donc désormais et depuis belle lurette moi aussi d’avis que les restrictions de mouvement et de liberté ça suffit ! Et il faut maintenant, de surcroît, subir la folie de tous ces gens qui se laissent crever et ne craignent pas de voir leurs semblables, leurs aïeuls surtout, tomber comme des mouches. Le virus, ici, est en train de faucher une vingtaine de personnes par jour. Soit quelque-chose comme un cinquième du chiffre de la Mère Colonne, pour une population... 150 fois moindre !!!
La Dure-cata-male, ou Dure-pate-mole[11] – l’académie modoupaïenne n’a pas encore tranché –, est responsable de ce que d’aucuns-cunes qualifient depuis longtemps d’“horreur économique”. C’est l’horreur, oui, l’Horreur Économique, Sociale, Écologique et Sanitaire, une H-ess-ess (ez ! ez ![12]), une HS puissance 2. Mais le piège est imparable, et on ne peut décemment refuser de se faire piquer. La Résistance se poursuivra, et l’Ennemi (DCM-HS2-ien) tombera, mais pour le vaccin, en attendant, pas le choix. Bien que pour moi pas question, rapport à mon bidon.
Jantet mon généraliste m’a en réalité, en substance, clairement affirmé deux choses. 1. Faites le vaccin et ça, oui, soyez certain que vous serez encore plus malade. Provisoirement toutefois selon lui. Ben oui, tiens, ça n’est pas comme si je souffrais d’un “SII sévère” (diagnostic du Pr. Mion à Lyon). Ah, quel effort de clairvoyance de mon propre médecin traitant, qui me suit pourtant depuis tant de temps !... A part ça il est très fort. Et c’est lui qui a décelé la maladie de Crohn de Cyril le fils de Sandrine et Fred mes voimi-mie[13]. Et qui l’a “ressuscité” quand il dépérissait comme moi, en 2017, Année Maudite 1, pour Ama, que j’avais donc passée loin de la Gwada à ses côtés. Je n’ai par conséquent pas vu Cyril quand l’ado qu’il était encore à l’époque était si mal, mais on me l’a raconté. Affirmation de Jantet 2 : il n’est cependant pas du tout dit, malgré ma maladie immunodépressive, selon ce qu’on observe, si j’attrape la Covid, que je serai plus malade qu’un-une autre...
Dans le deuxième cas je devrais pouvoir m’en sortir, ne fréquentant pas des milliards de gens, à la différence de la jeune dame, dans la salle d’attente du cabinet de Jantet la semaine dernière, qui venait de s’en taper une carabinée. Et qui, au bout de plusieurs semaines, avait encore l’air à moitié rétamée. Traumatisée. Elle m’a expliqué qu’elle travaillait dans je ne sais plus trop quel service où elle recevait des gens à la chaîne, et que malgré masque, écrans-plexiglass et autres applications incessantes de gel hydroalcoolique sur les mains, le connard de virus l’avait donc serrée.
Bref nous y revoilà, au confinement strict, avec fermeture des plages, pour l’instant jusqu’au 1er septembre. Mais ça va s’arranger d’ici là, tiens, t’as l’air. « Cette fois c’est bon je me caaaaasse !!! », me suis-je dit hier midi pendant mon pliage de bagages contraint et forcé. M’en fous je me ferai faire un certif par Jantet comme quoi j’ai absolument besoin de rapoter, à cause de mes « horribles maux de dos, quand celui-ci s’y met, main dans la main avec mes boyaux » (vodou papi 37). Paraît-il qu’on peut.
Quoi qu’il en soit mes covil-palazatakas[14], dont la mise au point m’a donc été suggérée, ne sont pas encore prêtes. Ce en dépit d’une mobilisation des ingénieurs-nieures de la Terre entière, comme les scientifiques pour le va-an-vi[15]. Et ça n’est vraiment pas que le trajet, le problème. Je suis tellement mal, tout le temps désormais. Même si mon increnard-plus-encore-qu’un-chat-vabilité (Bixa ne se met-il pas à miauler pour que je lui ouvre, sur ma terrasse, à l’instant où je tape ça ??!!) me permet de me livrer encore à quelques activités, dont mes séances no-pet[16]. Le cap-sur-goa[17] par exemple, par contre, c’est terminé. Je lui ai d’ailleurs fait la peau. Le plastique du moins.[18] Il faut dire que lui avait fait la guerre. En plus Bixa avait pissé dessus. La Cimade aussi. Mon chat a pissé dessus ? Mais non, qu’est-ce que ça voudrait dire ? Non, mon bénévolat à la Cimade aussi c’est fini. C’est prison sur prison. Bovins-vines[19] !
Je me réjouissais pour HuLéMarSaJoDe, dans ma missive pré-rapotage-et-dégageage-des-vilains-rapos-et-autres-indisciplagistes, que dans ses va-et-vient l’été, sous vos contrées, soit de nouveau dans un vient. Alors allez, je ne sais toujours pas si je viens mais bovin... euh... bons vients !
Le lendemain :
Bon, bon, bon. Je suis (évidemment) retourné, aujourd’hui, à La Datcha. Petit tour par Radyo Tanbou tout d’abord. Dans ma voiture, je xi[20], en chemin. Les premiers mots que j’entends : « C’est comme aux pires heures de l’esclavage, avec la population qu’on veut forcer à se faire piquer ». Dis donc, l’écho à cette expression que j’employais moi-même... Mais quand je vous parlais de la 45ème dimension, où japu[21] quel numéro... Le type est tellement exalté qu’il double les « la », l’article défini, en kréyol (pas de genre), placé après les noms communs : « la situation » qu’il décrit façon rageuse rébellion radyotanbou...rrine, par exemple, ne donne donc pas en ce jour dans sa bouche « sityasyon-la » mais « sityasyon-la-la ».
Tout un spitch en la-la, je n’avais JAMAIS entendu ça ! Sityason-la-la est extrêmement-mement complexe, tous les arguments-guments DOIVENT être entendus-tendus (ah ? sinon se... calmer... un tantinet ?), et les dérives autoritaires du pouvoir sont plus effrayantes que jamais, mais ça délire quelque peu me semble-t-il tout de même dékèkfwa. C’est moi l’anticolonialiste, forcené aussi, bien que je considère que tout le monde est partout chez soi, qui le dis. Moi qui ne manque par ailleurs pas une occasion de prendre le parti des indépendantistes du LKP, de son leader Élie Domota, tant décriés par les Gwadloupéyen-yèn les plus « conservateurs-trices » et par la plupart des Blancs-Blanches (toutes choses traitées elgaga bisû doudou[22]).
À la plage j’ai dû renard-tauper, et plus que jamais poissonner, pour passer entre les mailles du filet. Autrement dit user de toute ma ruse, traverser la plage sous le sable, et nager le plus possible sous l’eau. Tu parles !!! Y avait encore plus de monde qu’hier ! En ce samedi. Sauf que... Comme la veille j’ai juste eu le temps de traînailler ce qu’y fallait et de renard-poissonner, puis même vision depuis les flots : presque plus un-une pelé-lée sur la plage !!! « C’est pas vrai !!! Non ! Non ! Non ! », me lamenté-je tout haut dans l’eau. Mais je zyeute, zyeute, zyeute, et kon yè : ni un ni une Gamalabanawa en vue. Ce n’est vraiment qu’un étanome, cette fois? Non, ils (pas de Ninjette aujourd’hui) ont poulet-taupé, et surgissent du sable. J’ai pris ma fessée ? Que nenni, j’ai renard-torré... euh... toréé : hop un coup vers la droite, puis vers la gauche, re-droite et re-gauche, zou mes affaires, douche et cassos.
Ils ne m’ont jamais vu. Eux par contre étaient même filmés, par je ne sais quelle chaîne de télé, à corriger les autres garnements-mentes et à les douiller. Pas vrai, ni dénoyau... euh... démaillotées ni prunes. Sityasyon-la-la est déjà tellement exploplosive. Y a qu’à voir les la-la à la radio, et les milliers de manifestants-tantes mobilisés-zées par le LKP toutes les semaines. Alors Bichatte... euh... Rochatte le préfet, une calamité – j’ai pu me rendre compte à quel point à l’occasion de mon passage à la Cimade, un Blanc « évidemment » (on s’étonne, après, que les autochtones soient un peu énervés-vées) –, doit tout de même veiller à ne pas trop faire le kéké.
Quelle époque épique ! Ou comment cette autre expression est en train de fantastiquement s’illustrer ! Au moins ne s’ennuie-t-on pas ! J’espère que vous vous marrez bien aussi mes chéris-rient... euh... ries.
Xabri... euh... bi
- {Gapachou 2 : [A] Acabata = Accoudé à ma balustrade (de la terrasse) [C] Conne = Confinement (féminin en modoupaïen) ; Cap-sur-goa = Canoë en plastique gonflable ; Chamou = Chapitre de Modoupa [D] Duququ = Depuis quelques temps ; Dadane = date de naissance ; Danu tipasse = Dans un ultime repassage [G] Gadou = Grand Jour [J] Jélica = Je le réalise en écrivant cela ; Joyité = Jolie synchronicité [M] Manu = Manuscrit [N] Nobapa = Note de bas de page [P] Patita = Patati, patata [Q] Quel putôt = Quelques semaines plus tôt ; Quel jutôt = Quelques jours plus tôt ; Quelle mutarde = Quelques minutes plus tard [R] Relou = Retour en Guadeloupe [S] Sitet = Sur Internet ; Sucem morabnodem baduf = Sur ce mot mon regard est tombé sur ce nombre de mots/ces statistiques en bas du fichier ; Suminu = Sur mon ordinateur [T] Tatibi = Traduction Bibi [V] Voimi-mie = Voisin-zine et ami-mie}
- ↑ Écrit dans un cul, un courriel
- ↑ Tiens-tiens, ce 21-21, pour le Récit de la Guique* 2 numéro 1 de mon XabiWiki... Et ce n’est pas n'importe quel... nopapa**, le 21, dans Modoupa***... (*Grande Rubrique **Nombre [eh non...] plutôt pas sympa ***Mon Dieu, Mon Bouddha et Patata)
- ↑ proches et amis-mies
- ↑ De « rapo », « renard-poisson »
- ↑ Tapotais sur mon téléphone portable
- ↑ Étrange phénomène
- ↑ Renard humain
- ↑ Grand Malabar Ninja Nwar
- ↑ Voir Modoupa chapitre(s)...
- ↑ Grand Capital
- ↑ Dictature Capitaliste Mondiale
- ↑ « Non ! Non ! », en basque. Voir, trèèèès d’actualité, chapitre 28, comment que je te règle son compte à un certain... EZ.
- ↑ Voisin-zine et ami-mie
- ↑ Chiottes avé des ailes pour aller en Frantza-ta-Euskadi
- ↑ Vaccin anti-Covid
- ↑ Nage-pompes-étirements
- ↑ Canoë en plastique gonflable : qui va sur l’eau. De l’air dans le canoë, puisque gonflable : ça oui ! Mais où, de l’« r » ? Il est allé où le pêcher, le modou* ? Comme le canoë, n’est-il pas gonflé, à s’octroyer un « r » pour donner du « cap sur Goa ! ». Et puis quoi ? OK, le modoupaïen a toléré un temps les légères entorses, en cas de quasi-coïncidence avec un mot de français, à la règle de constitution des modous à partir des lettres du terme ou de l’expression à traduire. Mais c’est terminé, et seuls ce « cap-sur-goa » formé sur ce modèle, voire peut-être deux-trois autres modous dans ce cas (on verra), auront droit de mer... euh... de cité. C’est comme ça. Non, mais.** (*Mot de modoupaïen **Lu juquri [juste après que j’ai écrit ça] : « Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes [...], à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique [...] [je dois à ma Mouche*** musicienne d’avoir pu opérer ce recadrage de modou indiscipliné], ils vécurent libres, sains, bons et heureux... ». (J.J. [put... pétard ma Mouche !!!] Rousseau) ***Modoupaïenne en Cheffe : et t’as vu ce numéro de nobapa ???... de ce chamou... 2 !!! Chamou avé des mouches dedans en plus !... Mais ouille, pas en une évocation très joyeuse... Alors... bon... pour ne pas finir sur ça : Go(r)a !!!).
- ↑ Un des phénomènes les plus dingues que j’ai vécu à ce jour – ça n’est pas peu dire – s’est produit, quand j’ai lacéré mon canoë au cutter : à chaque coup je l’ai physiquement ressenti dans mon cœur. C’était comme une brûlure, tout le temps du contact de la lame sur l’enveloppe de mon embarcation chérie, comme si c’était lui qu’elle tranchait. Symbole de toute une époque révolue qui, il faut croire, m’a littéralement... déchiré le cœur.
- ↑ Bonté divine
- ↑ « Je chi », je veux dire
- ↑ Je ne sais plus
- ↑ En long, en large et en travers, bien sûr, dans mon bouquin.