18 – Ne pas croire l’ombre d’une minute

De Xavier Renard
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On commence à en avoir une jolie, bibliothèque, des âneries. À « ombre » : rien de moins que Lucky. Y croit-il, lui, à son ombre ? S’y fie-t-il ? Il tire plus vite. C’est elle, qui le suit. On ne va pas pouvoir compter sur lui pour nous éclairer, sur en quoi croire une ombre peut consister. Voir une ombre, des ombres, ça, on sait. On passe sa vie à en observer. Sauf peut-être à l’ombre. Et les trop mauvais jours. Où on ne s’arrête pas pour autant obligatoirement de croire. Pas beau temps trop longtemps, certes, ça peut devenir déprimant. On finit par ne plus croire en rien. Par ne plus croire les encouragements de personne. Il reste les ombres ! « Eh coco j’ai dit : “Ne PAS croire l’ombre”. » Merde. Je ne sais plus en quoi on est censé croire ou pas, moi ! Je me suis perdu. Mais ton expression « ne pas croire l’ombre... » sous-entendant qu’on peut la croire, tant pis, je continue. D’où l’expression. Oui, ton expression. Positive, négative, pogative, nésitive, bref ça n’existe pas pour le soleil, la pluie, les arbres, les trottoirs... Croire (ou pas) le soleil, un trottoir... Non. Si le français le dit, pour « ombre », c’est qu’il y a bien une raison. Plus douteux : la minute. On le croirait, sans hésiter, à la seconde où on le lirait, or à cette « minute », on est forcé de s’interroger. L’ombre d’une minute (ça, on ne va pas me faire croire que l’autre, là, ielle – pas d’identité – ne l’a pas dit) : possible, un tel effet du temps, sur l’espace ? Qu’est-ce qu’il va falloir, encore, se défoncer, pour adhérer ! Ce travail de thésaurisation ne s’apparente décidément plus qu’à une invitation à l’autodestruction.

Sachons raison garder. Croire ! Croire ! Tenons-nous en à cette notion. Croire dans un monde où l’on croirait à l’intérêt de ne pas laisser la langue complètement se déformer, perdre toute sa belle sonorité. En attendant c’est moi, qui perds tout. « La fin de ma phrase, par exemple, n’est-ce pas ? Ce dont j’affirme qu’il ne faut pas y croire. L’ombre d’une minute c’est mon adverbe de temps. Ne pas croire, c’est en mon complément... » D’objet direct. J’avoue, je ne l’ai plus. Ne pas croire, virgule, l’ombre d’une minute, virgule, que ceci ou cela, quoi qu’il en soit cet adverbe de temps c’est n’iiimmmporte quoi. Ne pas croire, une seule seconde, deux si on veut, un seul instant, dans ce qu’on voudra, c’est comme ça qu’à chaque fois, non pas uniquement quant à se sortir les doigts (à se secouer, ne serait-ce que légèrement, les méninges), dans un monde idyllique, qu’on dira. « Retomber sur ses pieds : si tu veux mon avis c’est surtout ça, sur ce coup-là, que tu auras illustré. » Un Renard ce sont des pattes qu’il a. Tu t’es encore trompé. « C’est ça. Et moi j’ai des mains de babouin. N’iiimmmporte quoi. »