5 – Un seul homme comme un seul homme

De Xavier Renard
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Quoi de plus comparable à un seul homme qu’un seul homme ? Un homme seul ? Il peut être tout seul, sans personne : un homme, seul, se promène. Il n’y a que lui dans l’espace considéré. Un seul homme et un homme seul, de ce point de vue, c’est du pareil au même. S’il est bien content d’être seul (pour une fois), c’est qu’il n’est qu’un seul, rien de plus, rien de moins. Seul tout le temps : il serait à la fois seul et un homme seul.

Bla, bla, bla. Ce n’est pas pour raconter tout ça qu’« un seul homme » est là. Son rôle : caractériser l’action qui précède. Éreinté par la précédente aussi fine qu’inutile analyse de la nature de sa solitude, on voudra bien m’excuser de m’épargner un trop gros effort supplémentaire, tout de suite, en me rabattant sur un cas de figure décrit dans mon Mon Dieu, mon Bouddha et Patata :

Cette nuance ne peut expliquer à elle seule que Jo, Do, Sab et Phil, comme une-un seule-seul femmomme, m’aient ainsi rembarré.

À cause d’un Chintok : j’avais réprimandé un serveur en terrasse à Paris qui avait usé de cette flatteuse appellation pour signaler à un collègue la présence d’un client de type asiatique assis quelques tables plus loin. Moi : « Vous savez que c’est répréhensible ? ». Lui : « Tout est répréhensible de nos jours de toute façon. » Moi : « Tout, non, mais ça, oui. » Dans ses dents. Or, à mon grand damn, J, D, S et P, quand je leur ai rapporté, ont trouvé que j’avais eu tort.

Il n’est même pas tout seul, l’homme, dans mon exemple ! Il a sa femme avec ! Une moitié seulement : c’est moitié femme, moitié homme. On reconnaîtra le coquin de masc-fem, qui encore s’incruste. Je dois me rendre à l’évidence : je ne pourrai bouder tous ses appels à participation. Faible comme je suis, à même vouloir de lui travesti (1) , il n’a pas fini de nous enquiquiner.

« Un-une seul-seule femmomme » clame l’unanimité de mon public. J’ai la loi pour moi, pourtant un front uni anti-anti-raciste, juriste de la bande des quatre comprise, se soulève. Ces pochimis-mies (proches et amis-mies) : qu’est-ce qui leur a pris ? Synchronicité ! Je ne m’en rendais même pas compte ! Racisme. Front. Parce que qui me l’a sortie, l’expression bidon ? Voici : « Ciotti va voter comme un seul homme (la réforme des retraites). » Et c’est qui, qui dit ? Le porte-parole (JB) de la faffe MLP.

S’il pouvait l’être, seul, monsieur C. Dont je ne re-souillerai pas ma page du nom en entier. Seul. Le seul du genre à exister. C’est mal barré : ils sont ici-même déjà deux à le représenter. Tu es seul, C. « Comme un homme seul », tu vas voter. C’est forcément le sens de l’affirmation de ton semblable, sans quoi ça n’en aurait pas. Personne n’étant totalement mauvais, admettons cependant par exemple qu’il est méchant, mais très, très intelligent. Le contraire d’un débile « capable » de dire, sans que ça le gêne à la moindre entournure, qu’un homme, un seul, va faire ci, ou ça, comme un seul homme. Il appuie sur ta solitude, c’est la seule interprétation possible. Tu es seul, C, dans la vie. Personne ne t’aime. Parce que tu es mauvais. Ton contempteur, on est d’accord, pourtant allié, adversaire uniquement au regard de logiques politiciennes, l’est autant que toi. Rêvons un peu (2)  : vous n’êtes que deux. Le monde en dehors de vous n’est que tolérance, amour, respect. Redescente sur cette pauvre Terre : en France comme dans tous ses autres recoins, plus encore dans certains, le cénacle de ces deux tristes sires déborde. B et C, ah ! qu’ils sont nombreux vos adeptes, eh oui. L’isolement du virus de la peste brune et de ses variants plus ou moins virulents n’est pas pour demain. Le propos de l’un n’est pas de pointer la solitude de l’autre, il obéit juste à la règle du parler médiocre, et il ne lui vient rien à l’esprit – faut-il avoir fait l’ENA ?! – comme : « ... va voter sans hésiter, lésiner, trembler, sans vergogne... »

(1) En fémasc. Je trouve que masc d’abord puis fem sonne mieux, raison pour laquelle malgré mon féminisme forcené c’est l’ordre, en général, que je privilégie

(2) À cet instant dans mon oreille, Herbert Léonard (en comparaison, quel bonheur !) : « Laissez-nous rêver! »