3 – (Entr)ouvrir une porte ouverte
Un courant d’air. Dans un intérieur en hiver. J’essaie de me projeter, un soir à la table d’un vaste lounge d’un hôtel, dans ma Guadeloupe, ouvert aux quatre vents. Renard fait son malin mais il a eu le loisir de bien se les cailler, à plus d’une occasion, dans le Nooord... l’hiver dernier. Le nord de la planète. Bon, pas tant au Nord que ça. Dans son Sud-Ouest et son Pays basque. En ce mois d’avril 2023 je sais de moins en moins où j’habite. J’ai beaucoup voyagé toute ma vie et vécu aux quatre coins du monde. J’ai encore pas mal navigué ces derniers temps, mais c’est surtout une croisée des chemins de ma vie qui font qu’en ce moment mon cerveau a plus de mal à me suivre que jamais. C’est exposé un peu négativement. J’adore cette vie. Me demander parfois, l’espace de quelques secondes, où je suis ! Comme autant de failles spatio-temporelles. C’est grisant ! C’est juste que tout ça peut parfois s’avérer un peu perturbant. Et ça n’est, pour un certain nombre de raisons, vraiment pas évident en ce moment. L’évidence : je fonce à la correction de l’expression ? Nous n’en sommes même pas au préliminaire. Pas de précipitation.
En cas de courant d’air chez soi quand dehors il fait froid, en principe l’explication est toute trouvée : une porte ou une fenêtre est ouverte, il suffit de la repérer et d’aller la fermer.
« La nuit les chats sont gris », entends-je à côté. Après mon « grisant » c’est joli, merci, mais en plein service je ne peux pas ne pas mettre le holà. Allez ! On va lui dire, au Noir, que la sienne n’est pas complète, qu’il manque des chats ! Qu’il va faire des jaloux, si par malheur des chats noirs, roux, quelle qu’en soit la couleur, se sentent exclus ! Tous ! Tous ! TOUS les chats sont gris ! La formule en entier, un tout petit mot de plus, c’est trop demander ? Quels fainéants, ces... Pas d’humour noir ce soir, eu égard à mes compatriotes d’adoption, que j’aime d’amour. Pour toujours. Même si je les quitte bientôt. Pour mieux les retrouver. Je veux continuer d’aller et retourner partout. Pour encore tomber dans plein de failles.
Quand une s’(entr)ouvre ça m’enchante. Quand ça caille à la maison parce qu’une porte ou une fenêtre est ouverte c’est moins exaltant. Voilà, c’est ça : le besoin d’originalité. Bon courage cela dit. Ouvrir une porte ouverte. Prouesse s’il en est. L’ouvrir... encore plus ? Là : pourquoi serait-on même en train d’en parler ? Dans le cadre éventuellement d’une analyse de la psyché de quiconque l’entreprendrait dans le but de supprimer un courant d’air. L’entrouvrir, la porte (déjà) ouverte : on se rapprocherait de l’exploit.
N’importe quoi tout ça ! Le comble c’est ça : que c’est l’autrice de cette aberration, qui serait fondée à me railler : parce que rien à voir avec une histoire de température à domicile, d’issue à colmater afin de ne plus sentir un indésirable vent frais. Madame – et c’est donc elle qui se moque, c’est la meilleure – a dit ça dans un débat à la télé : « J’ouvre une porte ouverte... J’entrouve une porte ouverte... » Elle a hésité. Sentait-elle que quelque-chose clochait ? Ou y croyait-elle vraiment, que c’était l’une de ces deux possibilités, mais ne sachant plus trop laquelle ??? Y a des gens bizaaares !!! Je préférerais ce constat-là. Ça peut être sympa, le bizarre, ma foi. Moi, affirmer le contraire : dans le genre je la battrais. Préférable en effet il serait, à celui de ce qu’elle n’est qu’une de plus à enfoncer mon clou : ce dont je traite dans ces pages el gaga. Oui, un peu de modoupaïen de temps en temps finalement, c’est trop bon : d’« en long, en large et en travers » c’est la traduction. Ielles me cassent les oreilles, à toujours tout dire de travers. À moi de vous les briser un peu du coup, avec mon masc-fem maintenant, vlan.