9 – Être alité au lit

De Xavier Renard
Révision datée du 1 février 2025 à 14:35 par Xavier (discussion | contributions)
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Ah ! la littérature ! Plein de ratés. Jamais de ratures. Que l’on apprécierait pourtant de voir de temps en temps, dans les têtes, s’opérer. Se présente, dans le cerveau, un « alité au lit ». Réflexe : on raye ! Un trait sur « au lit ». La pautrice (pauvre autrice) des pots... euh... mots ci-beau-cul-davés est aide-soignante en Ehpad. « Pitié ! Je souffre assez ! Ne venez pas en plus m’épingler pour mon français ! » Il fallait y penser avant. Réfléchir, bon sang. « Mais je n’ai pas le temps !!! Tous-toutes ces vieux-vieilles dont on est incapables de s’occuper alités-tées au lit toute la journée ! » Ouh, la vilaine, elle vendrait vielles et vieux pour échapper au blâme. Espérer ma clémence en dégainant cet horrible masc-fem, pour me flatter, quel procédé honteux. Mais non je t’aime, mon masc-fem. Et ça aurait pu fonctionner. Mais il agace. Il a-lour-dit, m’a-t-on dit ! Et je fais la leçon ! Non mais c’est drôle quand-même, c’est vrai, tout ce bouquin je la fais, alors que qu’est-ce que je n’ai pas pris comme critiques dans ma face, eu égard à ma façon d’écrire ! Attention, j’ai également eu droit aux plus beaux compliments de la Terre. À plein, plein, plein de trocons (trop chouettes commentaires). Par conséquent non, ne masc-fème pas ma chérie. Tout ce que tu vas réussir à faire, c’est définitivement me griller. Je me tue, moi, à l’éviter. Avec un relatif succès ? Bon eh bien inutile d’en rajouter.

– À la tâche, moi, je me tue. Tu vas comprendre. (Merde le masc-fem j’étais persuadée que ça le calmerait. Que vais-je bien pouvoir inventer ? Ah, je sais.) On est sur LE lapsus, par excellence, je pense.

– Tu t’enfonces. « On est sur... »

– « On » est un con. JE suis sûre qu’inconsciemment, afin de soulager ma peine, je me suis auto-suggéré la possibilité de scénarios plus cauchemardesques encore, comme le fait que nos pensionnaires soient contraints de rester alités toute la journée, par exemple, au plafond !

– Tu marques un point. Non que je croie une seconde à ton excuse... bidon, mais bravo, pour l’imagination.

Quand j’ai retapé ma note, « personnes qui restent alitées au lit toute la journée », mon téléphone portable (de son petit nom « Telpo »), au lieu de « personnes », a affiché « perroquet ». Notre victime, cette héroïne, qui se lamente de la sorte sur fond de scandale des maisons de retraite, expribidonne, essaie de ruser, ment effrontément. Mais qu’elle perroquette, ce n’est pas exactement ça. « Y a des tournures impropres, qui sont des tournures impropres qu’on peut assimiler à du perroquettage, comme... » : en voilà une, comme nous l’avons vu. Complètement invraisemblable, affreuse, ultra lourdingue, mais pas grave. Au lieu de « certaines tournures comme... peuvent être assimilées à... », comme une seule femme et comme un seul homme (presque) toutes les femmes et tous les hommes, à la télé et à la radio (par écrit tout de même pas) se rueront sur la version à la con. Quiconque lira ça le constatera de luile-même, comme pour toutes les tournures tou-l’amure... Johnny, pas toi !... l’amour dont nous avons commencé le tour. Notre aide-soignante méritante injustement vilipendée n’a pas commis l’une des innombrables erreurs de langage que tous les perroquets de France et de Navarre se sont fait leurs, c’en est une bien à elle. Je me demande d’ailleurs si ça n’est pas pire encore que ce que je décris. Que ce que je lui fais dire. Oui, c’est ça en fait : il n’a jamais effleuré son esprit, que dans « alité » il y avait « lit ». Ce n’est malheureusement pas faire son vieux con que de pointer l’incessante baisse du niveau de l’éducation et des connaissances en France. Nous sommes sur une jeune, en effet. Je n’ai pas fini de jou... de... gémir.