20 – Attirer les oiseaux de mauvais augure
Consigné un... 13. Le 13 novembre 2018. Soit... 12 jours après la mort de ma maman. Partie le jour de la Toussaint, la Femme de Foi qu’elle était. Ce 12 c’est quelque-chose aussi ! Le 13 porte-malheur, porte-bonheur, c’est comme on veut. Tout, c’est comme on veut, c’est comme on croit. Entre autres affirmations de ma thérapie cognitive et comportementale : « Pour moi, Xavier, tout est possible à celui qui croit ! » Foi ! Foi ! Foi ! « Pour moi, Xavier, la Foi est le moteur, la base, le centre de ma Vie ! »
Les oiseaux. Ama, ma maman, connaissait mon amour pour eux. Elle qui, de son pèlerinage à Rome – mon voyage du moment : entre Pouilles... et Brésil, dans une de ces discussions à la volée, dans un café... –, m’avait ramené un petit carré en céramique à l’effigie de San Francisco d’Assisi (de l’italien résonne à cet instant précis). Il a les bras levés au ciel, des colombes prennent leur envol. Lumineux tableau, tout ça, auquel les circonstances nous invitent maintenant à porter une touche un peu plus sombre. Puisque pas très rose, l’énoncé. Eh non. C’est de « mauvais », que nos zozios sont ici qualifiés. Ooohhh...
Oiseaux de mauvais augure. S’il faut, que vous passiez : bienvenus ! Tout... accueillir. La Vie n’est pas ce qu’elle nous propose mais ce que l’on en fait. Vie dont tout est écrit : c’est ma croyance. Contradiction ? Ce que l’on « fait » l’est, aussi, tout en ne changeant rien, à ce que l’on a « à faire ». Alors contradictoire, non. Mais je l’admets, pas des plus simples à concevoir. Voyons voir, à quelle sauce qu’on va cuisiner. Un bon mauvais oiseau est un oiseau mort. Sa kay les cailles ? C’est en Guadeloupe que l’on se demande de la sorte, non si ça caille, ça n’est pas souvent le cas, mais si ça va, dans une décontraction... mince, non, l’inverse... une contraction de « ka alé » (va) en « kay ». Un volatile en plat ! la pensée de bien d’autres humains que moi c’est celui-là, à coup sûr, qui l’aurait traversée. La petite bête, dans une assiette. Prête à déguster. Neutralisée. Dont il n’y a de la sorte rien à craindre, si des fois elle eut dû nuire en quoi que ce soit.
Ah, je fais ça parfois. Je reprends un passage, puis je m’aperçois que je prévoyais de le supprimer, l’ayant remplacé, par ce qui suit. Phénomène dont a même découlé une esmoupe, une expression en modoupaïen : ta pisse (tant pis, je laisse).
Attirer les oiseaux de mauvais augure, les d’écailles... Des cailles ! Je venais d’écrire ce nom d’oiseau, avant de le supprimer ! J’avais d’abord pensé à lui, bé oui, pour un plat. La phrase sans queue, c’est encore à cause de Telpo, qui m’a proposé, non pas des cailles mais « d’écailles », alors que je souhaitais « décaniller ». Décaniller l’oiseau de mauvais augure, pour le manger, le tout afin de le neutraliser. Humour ! De mauvais goût. Dans la lancée d’une entame pourtant si tendre et légère. Au sujet de ce qui n’annonçait cependant rien de particulièrement réjouissant. Si au moins, une fois de plus, c’était fait correctement.
Ça l’est lâchement ? Madame ou monsieur – à propos de quoi précisément, je ne l’ai pas consigné, je fais ça parfois –, semble ne pas assumer ce rôle, d’oiseau de mauvais augure, qui serait le sien le cas échéant. Ielle affirme : « Je ne voudrais pas attirer les oiseaux de mauvais augure. » Comme pour se dédouaner de toute responsabilité : « Moi, un oiseau de mauvais augure ? Jamais ! » Au pire, si l’un plane, faisant redouter que ça va mal tourner, c’est qu’ielle en aurait provoqué la venue. Cela, OK, ielle le reconnaîtrait. Quoi qu’il en soit l’on me voit au regret, comme à l’accoutumée, d’objecter. On n’attire pas, l’oiseau de malheur, on l’est, on le fait, soi-même, jusqu’à se glisser dans sa peau plumée, quand sur tel ou tel sujet par pessimisme on ne peut s’empêcher de pêcher.