16 – Se fondre en excuses

De Xavier Renard
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Aaaahhh ! S’excuser. Ça n’est pas donné à tout le monde. Perso je ne suis pas le dernier. Autres compétiteurs, vous a-t-on déjà dit : « Mais arrête, de t’excuser ! » ? Eh bé moi oui. Alors vos bouches. Hmmm. Restons-y. Qu’y a-t-il pour votre plaisir ? Et le mien ? « Arrête de t’incruster ! » Ouh ! Pardon ! Elle n’est pas nécessaire, c’est vrai, ma participation. Besoin de personne, pour s’offrir le plaisir d’une fonte en bouche. De glace, de chocolat, de ce qui nous sierra. Plaisir de s’offrir, de s’éclater les papilles. Contre difficulté de s’excuser. Encore que si on pouvait s’excuser soi-même... Ça ne se dit pas ! On ne s’excuse pas ! On demande des excuses. Quand on est capable de reconnaître ses torts, de se remettre en question. Mais que c’est difficiiile !!! Alors on fond. On se liquéfie.

Comme face à la mort. C’est dire, si c’est difficiiile !!! Mon plus haut fait d’armes... C’est ici, que je le raconte ?! Des centaines et des centaines de pages, j’ai écrit, et je ne m’en suis point encore acquitté ? Bien sûr que si. Dans tous ses détails, avec fougue, passion, l’indispensable soupçon de dérision, tout ce qu’il faut. De me liquéfier, j’ai eu l’impression, au Rwanda, face au canon de la kalachnikoff pointée à dix centimètres de ma poitrine. Puis peut-être encore plus quand j’ai été invité à rejoindre mes camarades, depuis une bonne demie-heure allongés à plat ventre sur le carrelage de mon bureau d’administrateur de la mission de Médecins du Monde à Kigali. Le temps que les soldats venus nous braquer achèvent leur besogne. Ils nous laissent vivre ? Ils nous tuent ? J’ai éprouvé cette sensation, de commencer à partir, de me liquéfier... Eh bien quand vient le moment de faire acte de contrition, c’est pareil. C’est dire, si c’est difficiiile !!!

Mais nooonnn, patate, qui ne fonds pas, au demeurant, mais te fonds. Toi aussi dans un premier temps tu vas m’expliquer, comment c’est possible, ça. Sans te répandre. Résume. Mais oui, patate, on se répand, en excuses. Se fondrait-on, alternativement, si on était doué de cette capacité ?... Ah mais si ! Au temps pour moi, on peut ! Dans une foule ! La masse ! Le paysage ! Ooouuuh mais y en a plein, d’occasions, d’autofondation ! J’ai loupé un bout ? De ta phrase ? Qui était : « Se fondre dans une foule, la masse, ou le paysage, parce que comme ça c’est plus facile, pour se répandre en excuses » ? Je me disais, aussi. Confondre à ce point les mots, les expressions. Mort de trouille, transi, face à douze types en armes, qu’on bredouille un peu, là, d’accord. Mais sinon, il n’y a pas de raison, non, quel couillon.