1 – Être embêté au tournant
C’est bien connu : c’est embêtant, les tournants. On est embêtés, dans les tournants : tourner à droite, tourner à gauche, on fait quoi ? Mais attends.
– Attendre quoi ? Le prochain tournant ? Tourner à droite ? Tourner à gauche ? Ce sera le même questionnement.
– Mais non ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire de ne pas savoir...
– Bé oui, à droite, à gauche... Pas évident...
– Comment ça, pas évident ? Un tournant vers la droite : on tourne vers la droite. Un tournant vers la gauche : on tourne vers la gauche. Qu’est-ce qu’il y a de pas évident ? Faut avoir perdu la boule (même pas besoin de boussole), ou vouloir sortir de la route...
– D’où l’expression : « Sortir des routes toutes tracées » ?
– Quoi ??? « Sortir des chemins battus » je connais, mais d’où ça sort « des routes toutes tracées » ?
Bon, si on pouvait ne pas se battre avec deux expressions à la fois... on ne va pas s’en sortir, là. Non, c’est n’importe quoi, cette histoire : et que je m’interroge, dans un tournant, sur la direction à prendre. Ah elle n’est pas assez compliquée, la vie, on s’ennuie : la voie est toujours toute tracée, jamais de questions à se poser, jamais d’occasion de réfléchir un peu, sur la décision qui conviendrait le mieux. Alors on la pimente comme on peut, et dans un tournant on se dit : tourner à droite s’il tourne à droite, à gauche s’il tourne à gauche, non, y en a marre, c’est trop facile. Donc je tourne la question dans tous les sens : ah ! enfin un peu de suspense ! dans quel sens vais-je bien pouvoir aller ? Aha ! Si j’optais pour la droite ? Hein ? Hein ? Qu’est-ce qui se passerait ? Et pour la gauche ? Ouh ! je sens que vers la gauche on va bien s’amuser !
Mais couillon ! Si le tournant tourne à droite tu vas à droite et tout devrait bien se passer ! Jusqu’à ta destination, si dans chaque tournant tu tournes comme il faut tourner ! Or si tu tournes mal, à l’envers, quoi, tu sortiras de ta route, ou de ton sentier, en goudron, en terre ou comme tu la veux, ta matière. Et si t’es au volant d’une voiture, mais même d’un vélo, tu risques de le regretter, d’avoir souhaité dans ta vie, en cet instant, un supplément de piment. Sinon, à pied, tu verras bien ce qui s’offre à toi, sur le bas-côté, ou un peu plus loin si t’as envie de continuer (si tu n’es pas en train de te foutre dans un ravin), dans le bois s’il y en a un, dans les prés, et tu cueilleras des champis, des pissenlits...
Nous voilà bien. Perdus, dans la nature. À ne plus retrouver ce satané chemin. Qui nous a égarés comme ça ? Un jeune pigiste, sur France Info. Ah, les jeunes... Plus aucun... sens, de la formule. Parce que les vieux font mieux, tiens. Disons que ça ne va pas en s’arrangeant. La capacité à correctement s’exprimer. L’envie de faire l’effort... de réfléchir, à où que je pourrais bien aller. Non, à comment qu’on dit ci ou ça. Le jeune y voulait dire quoi ? Il parlait des maires de France et de Navarre, dont on connaît le dépit, eu égard à la platitude de leur travail, qui ne leur réserve jamais aucune surprise, ne présente jamais aucune difficulté. Ainsi maires et mairesses, pour ne pas mourir d’ennui, sont de ceux et celles qui éprouvent parfois ce besoin, dans un tournant, au lieu de trop simplement opter pour la droite ou la gauche, selon l’orientation qu’il semblerait vouloir leur dicter, de... s’arrêter ? Oui, ils et elles s’arrêtent, nets-nettes, et, enfin ! se cassent la tête. S’adonnent à dénouer des nœuds, à résoudre d’inextricables dilemmes. Bon sang mais si leurs fonctions comportaient ne serait-ce qu’un petit problème, de temps en temps ?! C’est quand-même autre chose, un tournant.
Allez, sérieusement : les maires n’étaient pas gênés au tournant, s’agissant de faire avaler telle ou telle couleuvre, à leurs administrés, pendant la campagne présidentielle de 2022, mais aux entournures bien sûr.
Imprévu (même si c’était... écrit !)
Les synchronicités, foutez-moi la paix ! C’est ce que l’on appelle un vieux lit. Attendez... Ça y est le jeune journaliste m’a contaminé. Je ne retrouve plus mes expressions. Un vieux lit... Ah, mais non : un vieux pieu. Le jeune, un brin d’ironie dans la voix : « Besoin d’aide ? » Quoi, ça n’est pas ça ? Et puis c’est lui qui va m’aider, tiens, non mais c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Le jeune : « C’est “un vœu pieux”, que tu cherches. » Moi, bouche bée, puis intérieurement : « Tant mieux après tout s’il me fait la leçon, le petit, c’est que la situation n’est pas si désespérée. »
Le vœu pieux : que cessent les synchronicités. C’est surtout une façon de dire que ça ne risque pas d’arriver. Le souhaiter ? Mais non, mais non, la vérité c’est qu’elles illuminent mes journées. J’en ai chié des tonnes, dessus. Ça, oui, c’est terminé : écrire à leur sujet. C’est juste un clin d’œil. Car c’est permanent (un peu plus tard c’est avec « Tu me fais tourner la tête » d’Édith qu’elles remirent ça). Donc si je recommence elles monopoliseront ma plume de nouveau. Je ne les laisserai pas encore me happer, et me dévoyer de l’objet de cette nouvelle œuvre. Celle qui s’y est essayée (c’est de bonne guerre) : une en rapport avec un « toucher » mal placé, dans un épisode de l’émission « Affaire conclue », que j’ai visionnée, en différé, quelques heures après avoir rédigé ce premier article de « Français mal parlé » (c’était l’intitulé provisoire de mes fichiers des notes y afférentes prises au cours des dernières années). Exceptionnellement, Madame Synchronicité, ce tout premier chapitre « Expression bidon/Comment qu’on dit en vrai » sera doublé. En ton honneur. Mais après, terminé ! À part ça voyons… « Expression bidon/Comment qu’on dit en vrai »… comment que ça fait, les initiales ?... EB/CQODEV. Génial, je tiens mon titre : Eh bé ce cul, ô Dave ! Grâce à Elle.