24 – Se faire partiellement emporter

De Xavier Renard
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Grand n’importe-quoi. Groniak (de « grand nimportnawak »). L’un ou l’autre, pour le titre de mon bouquin, ça n’aurait pas mal sonné non plus. (Et... ça sonne !!! Les cloches, à Vézelay.) Sous-titre : « Ou comment qu’on s’exprime comme des cons, con ». Car « n’iiimmmporte quoi !!! », tout le monde se le dit, en lisant la 23, ne me dites pas. Ça n’est même pas l’effroi, qui nous saisit. Mais une profonde désolation... Non, ça il n’y a que moi, que ça en touche une, en faisant bouger l’autre.

Se faire emporter. Par une vague, un cours d’eau en furie, une coulée de boue : quelle horreeeeuuur !!! Effrayant au point que notre psyché nous dicte de ne pas... entièrement l’énoncer ? Me voilà encore à accorder des circonstances atténuantes. Ou serait-ce moins pire, dans les faits, que l’eau, la boue, ne nous prît qu’un bras, une jambe ? Ouiii, bien sûûûr, ça serait tellement préférable, et il paraît que juste un bras ou une jambe arrachés ça ne fait même pas mal. Soit. Mais comment elle fait, l’eau, ou la boue, pour nous les sectionner ? (Proprement ?) Ça n’est même pas matériellement possiiible !!!

Le fait divers rapporté, aux actualités, « quatre personnes ont été partiellement emportées par une coulée », abstraction faite de l’invraisemblance (d’une partie) de l’énoncé, est quant à lui malheureusement tout ce qu’il y a de plus vrai. Ce qu’il y a de partiel : le nombre des victimes de la coulée. Quatre personnes, au total, se sont retrouvées au mauvais endroit, au mauvais moment, deux ont disparu, mais deux ont pu être secourues. Mince, j’aurais dû le poser sous forme de devinette : quatre personnes sont partiellement emportées par une coulée de boue ; combien sont saines et sauves ? On ne peut même pas le déduire, avec « partiellement ». Qui ne veut décidément rien dire. Prenons la moitié... euh... « à moitié ». Quatre personnes sont à moitié emportées par un torrent. Combien le sont... réellement ? Si quelqu’un répond « aucune, puisqu’elles ne le sont qu’à moitié », je rends mon tablier.

– Non mais tu [l’éventuel-uelle décérébré-brée] t’es déjà fait emporter ???

– Par quoi ?

– On se fait emporter... je ne sais pas, moi... à part de l’eau, de la boue... On peut se laisser emporter, sinon, mais ça n’a rien à voir : se laisser emporter c’est ne pas maîtriser... une humeur...

– Comme un excès de colère ?

– Oui... Nooonnn !!! On dit un ACCÈS de colère !!!

– Ooohhh, mais t’exagères, de te mettre en colère, pour si peu...

– Ah c’est ça, un excès ?...

– Allez, ne fais pas celui qui va se laisser embourbrouiller...

– Haha. Tu n’as pas non plus l’air complètement crétin... crétine... crétin ? crétine ?

– C’est toi qui décide.

– Allez, crétin-tine. Je vais même faire un truc... Ooouuuh, grande première ! D’un masc-fem tirer un mot. Crétintine.

– C’est du féminin, alors. De ce nouvel adjectif, professeur, sinon, le masc-fem serait « crétintin-tine », nonne... euh... non ?

– Ooohhh ! Double innovation ! Mais ne poussons pas. Tu seras femme, une pas crétintine, dont je ne comprends par conséquent pas que tu trouves le moyen de me répondre, sans broncher, que se faire emporter à moitié ça n’est pas se faire réellement emporter. D’où ma question, à ne naturellement pas prendre au premier degré. Puisque toute en ironie. Puisqu’à moitié emporté, ou partiellement emporté, pour une structure, une construction pourquoi pas, mais pour un humain la seule réflexion que cela eut dû t’inspirer c’est que c’est n’iiimmmporte quoi, nimportnawak, du groniak.

À la radio et à la télé le concours à qui groniakera le plus est permanent... Une séance de remise de palme à Cannes suminu (sur mon ordi-télé), pan cri a (pendant que j’écris ça). Allez, tenez, je la décerne, la mienne, pour « quatre personnes ont été partiellement emportées ».

Univers ! Univers ! Dis-moi que tout n’est pas désespéré ! Voyons, quel signe il va m’envoyer. Vrai : le signe. Pas vrai : que je l’ai sciemment attiré, par quelque incantation que ce soit. Le signe : un général. Rien que ça. Sur France 2, dans « Les chemins de la foi ». Excusez du peu. Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris », prend congé de son interviewer par ces mots : « Merci de m’avoir invité pour parler du chantier de Notre-Dame à vos téléspecta... » Brève hésitation puis un vibrant « ...trices-teurs ! ». L’événement se produit dans le cours de ce chapitre d’un accès de masc-fémage de ma part sans précédent à ce stade de l’ouvrage. Si je m’étais attendu, à un si éminent hommage... Mon attachement à la discipline langagière trouve logiquement son prolongement dans une fascination pour les militaires, les galons, l’uniforme... Hahaha. De l’incongru, en revanche, je suis très friand. De l’humanisme du haut-gradé, en tout état de cause, pas de raison de douter. Et quelle symbolique, du sujet, du décor : sous un ciel bleu un plateau installé sur les toits du monument en contrebas des deux tours. Ce terme, événement : à mon humble niveau c’en est un, véritablement. C’est la toute première fois, mon masc-fem, que je l’entends. Il naît au Monde. C’est Géant.

Double appel. Appel d’un Général par un Général. Et Appel d’un Général. Je m’explique. Mais d’abord je rétablis... l’ordre ! Le Général a appelé le Général après le Général qui a (seulement) appelé (le peuple français à résister – tout de même). À moi-même : c’est ça ? Non, toujours pas. Le premier des deux Généraux du Flux (l’escouade de phénomènes), c’est celui qui appelle... deux fois ! C’est ça. Le double appel c’est lui, tout seul comme un grand. Un Général qui appelle à résister, on a évidemment deviné, j’ai nommé : DG. Au niveau du Monument aux Morts d’Avallon, que je n’ai toutefois pas immédiatement identifié comme tel, quand je suis passé devant : podium, drapeaux français, une cérémonie vient de se tenir en présence de militaires, de policiers, de pompiers... Le long du trottoir du côté opposé de l’esplanade, une vieille traction noire et ses trois grandes lettres FFI en blanc, sur les portières, qui, eh non, qué couillon, ne m’a faf... euh... paf... euh pas fait trouver, tout seul comme un grand, le pourquoi du comment.

Ce que je me suis par conséquent enquis de savoir. « C’était quoi, comme cérémonie ? » « C’était pour... l’Appel... du Général... » Le répondant, la trentaine, occupé à enrouler un câble électrique pour son chargement dans un van garé à côté, ne sait qui a appelé qui comment, pourquoi, manifestement que vaguement. Bien sûr je complète promptement : « L’Appel du Général De Gaulle ! Ah ! C’est vrai ! On est le 18 !... » C’est certain, on organiserait des cérémonies à moins. Que l’Appel du 18-Juin. 1940. La date précédente suivante : 1921. Précédente parce que dans l’Histoire c’est avant, suivante parce que dans mon histoire c’est après. De celle-ci deux motards sont les personnages suivants. Avec qui j’ai discuté, à la terrasse d’un bar. Après la cérémonie après laquelle je suis arrivé, à deux pas de l’endroit où elle se tint, mais que je ne vis pas, car ce fut donc avant ma venue. L’écart entre les deux dates, de 19 ans, est intéressant. Mais surtout le 21, dont j’ai expliqué un peu pourquoi plusieurs fois avant. J’ai conscience, cependant, que ça puisse ne pas l’être, à première vue, spécialement. Patience, c’est après, que ça déchire. Ce suspense, déjà : pourquoi, 1921 ??? Où, un 1921 ??? Sur le tee-shirt d’un des deux motards !!! Et je rappelle que ça se passe non loin de Dijon !!! Ça déchire, hein ?! La moutarde ? Non, c’est ce qui vient. On a parlé des Alpes, avec les deux types, et upupur (un peu plus tard), à la radio, les Hautes Zalpes se sont transformées en Zautes Alpes !!!!!

Il faudrait s’arrêter là, ne pas aggraver le bouleversement. Mais ça déboule, de tous les côtés. Un planning de la disponibilité d’un logement que j’attendais est tombé, tout de suite après que j’ai écrit ça, à 17h21. Ah, et j’avais allumé, avant, à Vézelay, pour le Christ, dix bougies à deux euros... Bon, et préciser, que là j’écris le 21, non ? Là, j’écris le 21. Au Solstiiice... Rien de moins. Ainsi tenais-je à faire don de vingt-et-un euros... Les cloches, de nouveau... Des Vêpres. Vingt-et-un euros pour les dix bougies plus un cierge à cinq euros que j’ai chipé à Marie – Jésus en était dépourvu –, pour allumer mes bougies. Je l’ai ensuite planté sur ses piques. J’ai grugé ??? En la Basilique de Vézelay !!! C’est un petit arrangement. J’ai interrogé... le Grand Chef ? « C’est à chaque fois... la surprise du chef ! » viens-je de lancer. Au barman de... La Terrasse. Le bar-resto face à Madame. Après qu’à l’Ouest l’orage avait menacé, je me suis plaint de ne pas avoir assisté au spectacle des parasols qui s’envolent, dans de violents coups de vent, comme le monsieur m’a raconté en avoir essuyé. Car il continue de faire très beau. Ah, quelques gouttes. Le Grand Chef me dit « Je t’écoute, Je t’écoute, mon petit » ?

La surprise du chef : orage, pas orage, panique à bord ou non et que ça poursuit, pépère, son bain de soleil. Mon mot d’esprit se voulut une subtile allusion en rapport avec le contexte, du restaurant, puis, dommage, le serveur s’est éloigné, car j’aurais affiné : « Une surprise du Chef, avec un C majuscule bien sûr, du Grand Chef ! » J’aurais levé les bras au ciel, en direction de la Sublimissime. D’une blancheeeuuur... La France et sa restauration, au long de ces quelque vingt dernières années : impressionnant. Rimerait-ce, cependant, avec embourgeoisement ? Si peu.

Avec « arrangement » ? Ah, merci mon Dieu. Teu, teu, teu. Blasphème. Quatre euros, déjà, dont j’ai escroqué Sa Maison, si je pouvais ne pas aggraver mon cas... Mais non ! C’était avec Sa permission. Un rabais... qu’Il m’a octroyé ! Je me teuteuteute, n’en persistant pas moins à Le faire parler ! L’autre, il s’octroie tous les droits, voyez-vous ça. À 19h33 ! Cool, j’ai Sa confirmation. Un rabais motivé, je présume, par la relative largesse de mon don, et la beauté de l’intention, celle d’une sacralisation de mon Geste, par la Grâce du Grand 21. Quoi que celui-ci raconte – rien par conséquent, à l’origine, de très réjouissant –, c’est, oui, énooorme, tout ce qui gravite autour, depuis des années.

Vingt-et-un euros... C’est que je n’avais pas un sou de plus ! Ou plutôt si, un seul ! Une pièce de cinquante centimes. Le 5, tiens, des cinq euros de la bougie à la Marie, dont le bon chrétien que je suis plus que jamais (ouf, ce prédicat, c’est du lourd) ne demandait évidemment pas mieux que de s’acquitter ! Avec mon briquet, je me brûlais... J’étais embêté, j’ai interrogé ma conscience, le-la Dieu-Dieuse en moi (Ielle est en nous tous-toutes), Qui, sans hésiter, m’a fourni la justification ci-avant explicitée.

Mon Dieu je me suis complètement laissé emporter. Jusqu’au 21. Qui ne figurait point dans ma ligne de mire, quand le 21 moins quelques jours, je me suis lancé dans ce vingt-troisième correctif, qui n’était censé être que cela. Au vu de son objet, j’aurais dû me méfier. Il faut dire que ce n’est pas mon genre, de dévier ! Le Flux, les Forces, irrépressibles : je ne vois décidément pas d’autre explication... 14h33... Le... 23... Dans le fil des jours en cours je ne m’étais pas non plus dit : ooouuuhhh, le 21 arrive. Et lequel ! Le Plus Puissant de L’Année s’il en est. Le Jour venu, d’ailleurs, jusqu’à un message de mon chéri, en fin de matinée, « voilà le solstice d’été... », je pensais qu’on était le 20. J’avais un Amur (Acte Majeur), à accomplir, aux abords de la Basilique – j’aurais aimé dedans mais c’était vocal –, or au vu de prévisions météorologiques peu favorables je ne l’envisageais que quelques jours plus tard. Ce point, à 20h01... 20h02 pour ajouter que là nous sommes le 22. « Le tempaxa » : le temps et l’espace n’existent pas. Autre vocable du modoupaïen. Rien d’ésotérique ici cela dit, juste le va-et-vient de l’écrivain.

Cérémonial 1, dans la Belle. Cérémonial 2, devant Elle. Sur son parvis, té, pardi. Pas non plus. À son cul. Pas non plus. J’en ai effectué le tour jusqu’à repérer un endroit suffisamment isolé : sur son flanc Nord, un joli jardinet ; mieux encore : dans le parquet (petit parc – rien d’affaire-concluant) d’à côté. Étape 3 : La Terrasse. Anecdote du serveur sur quand parfois pendant son service ça secoue sacrément. Si, dans mon Modèle (Monde Parallèle), ça tornanicitétait (de « tornanicité », tornade de synchronicités), ce que personne ne pouvait savoir, et ce dont je ne me rendais pas véritablement compte moi-même – je ne me sentais par exemple pas glisser, entre Notre-Dame de Paris et Sainte Marie-Madeleine de Vézelay –, les apparences, en l’absence de la tempête que nous tînmes pour imminente, étaient au calme plat. Troublante manifestation toutefois, bien qu’elle me laissât froid, l’arrivée d’un collègue du serveur, qui en traversant la terrasse déclara : « Un immeuble s’est effondré à Paris. » Je l’ai dit, le 21 n’est pas que sympa. D’expressions, pour cela, le modoupaïen ne manque pas. Dont le « nico-pète-tampète », le ni-complètement-blanc-ni-complètement-noir, et « Mon Bal », dérivation de « le Bien, le Mal, le Mien, le Bal... »

Mon-balesque, la vie.

La VIE.

La VIE.

La VIE.