Chapitre 23 – De la défense des droits humains à la traduction
Travailler seul devant un ordinateur ? Jamais de la vie !
J’ai été fier de participer à l’action de Terre des Mondhommes... Ah ouais, tiens, pas mal non plus... « Anguélou » (Angelu) mon angelou :
— Eh, oh ! Et les femmes !
— Ah, pardon. Que dirais-tu de Terre des Mondhofemmes ?
— Mais pars plutôt du vrai nom de ton association, Terre des Hommes. Que penses-tu de... « Terre des Femm’hommes » ?
— OK. J’ai donc été le plus heureux des femm’hommes...
— Et allez, et que je me mets à niaker[1] !
— Mais quoi ?!
— Arété ![2]
— Du modoupaïen, du créole maintenant... C’est quand t’es énervé ? [Silence] Bon, t’as pas envie de plaisanter.
Quel bonhommonhonneur ce fut de participer à l’action de Terre des Femm’hommes pour les droits, et ô combien j’ai trouvé mon travail, au sein de cette association, passionnant ! Mais un ensemble de circonstances, dont un procès aux prud’hommes[3] que plusieurs de mes collègues et moi-même avons dû intenter contre notre employeur – un comble pour une association de défense des droits économiques et sociaux !... – m’a poussé à négocier mon licenciement. Ainsi s’est achevée cette Grature[4] et... le siècle, fin décembre 1999 : triplé de ce 9 dont je ne savais pas encore qu’il deviendrait mon top chira[5], en Thaïlande, où je m’apprêtais à partir, et dernière année du millénaire, jélica[6], qui ne pouvait qu’être annonciatrice de ma nouvelle vie dans le pays du 9, où l’aventure suivante a démarré, trois mois plus tard, en janvier 2001. Angelu :
— C’est complètement niak : je ne dis pas ça par chafouinisme, pas du tout, mais t’as travaillé à Terre des Femm’hommes jusqu’en octobre 2000, et t’es parti en Thaïlande en janvier 2001.
— C’est vrai. Al tiempo para mi[7], mais tant pis je laisse, c’est joli.
Dîner chez mamie Xixili[8] à Paris, avec elle et Gigi, dit « Le Deub » ici, le Gilou de La Deube autrement dit, juste avant la Thaïchi... euh... la Thaïlande. La première, entre deux verres à l’apéro : « Pourquoi tu traduirais pas pour nous ? » Cela non plus je ne le savais pas encore, mais Cécile (Xixili rétablie dans son identité française), qui travaillait pour Presse Plus, une société de relations presse, avec cette question, venait de donner le top départ... de ce qui allait devenir mon nouveau métier : traducteur ! Dès mon installation à Bangkok, elle m’a envoyé un test de traduction, ainsi que nous en étions convenus, que j’ai réalisé avec succès. J’avais beaucoup utilisé l’anglais, dans le cadre de mes fonctions précédentes, au sein de TDFH (non : TDH, pour « Terre des Hommes » ; le sigle, ça va), mais mon travail de traducteur en tant que tel a commencé ainsi, pour la société de Cécile, mon toutpi[9] client. Par lequel j’ai quotidiennement été chargé de restituer, en français, un article de géopolitique de la presse anglophone à destination des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense. J’ai ainsi entrepris, en Thaïlande, mes premières des centaines et centaines de traductions réalisées à ce jour... en vingt ans exactement ! Après que Cécile m’a mis le pied à l’étrier, j’ai déniché un autre client, en Thaïlande, dans les petites annonces du Bangkok Post. J’y ai par ailleurs dispensé de nombreux cours en français et en anglais, comme à Saint-Martin, quel nutard[10], au cours des un an et demi que j’y ai alors passés.
Khamol[11], un de mes principaux interlocuteurs des ONG thaïlandaises avec lesquelles j’ai travaillé, pour Terre des Femm’hommes, m’avait recommandé au poste de secrétaire du réseau régional d’organisations de défense des droits humains, Forum Asie, basé à Bangkok – dont il était l’un des responsables et dont j’avais lancé le partenariat avec TDH –, qui était à pourvoir. Je savais cette perspective très hypothétique, et si j’avais tout de même envie de croire en cette fabuleuse opportunité, il ne me paraissait pas très logique, si ce n’est éthique, qu’un-une Occidental-tale et non un-une Asiatique-tique soit recruté-tée. Et je connaissais certains-taines zigues des coalitions locales et régionales susceptibles de peser dans la décision, parmi lesquels-quelles d’anciens-ciennes rebelles du temps de la guérilla communiste ayant sévi dans le nord-est de la Thaïlande dans les années soixante-dix et quatre-vingt, aux positions bien tranchées, et qui n’étaient pas près de s’en laisser compter !
Mon ambition de continuer de gravir les échelons, dans l’univers des droits humains, et pourquoi pas un jour de marcher dans les pas d’une Mary Robinson, l’ancienne présidente irlandaise, que j’ai rencontrée au Rwanda – ainsi que lors d’une conférence de l’ESCR-Net à Bangkok –, d’un António Guterres, d’une Michelle Bachelet… au poste de Haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, a donc tourné court. Blague à part, j’en profite au passage... comme pour le petit nom de ma propre association... pour virer l’Homme, en modifiant, donc, l’intitulé du poste : les Nations unies réacs n’ont jamais consenti à abandonner l’indigne expression « droits de l’Homme » pour « droits humains », ainsi qu’Amnesty International s’est battue pour l’y amener. Quant à l’opportunité du poste auquel Khamol souhaitait me recommander, pour excitante qu’elle pût être, étant donné ma condition, en réalité, je la redoutais.
Toutes ces années dans l’humanitaire et en tant que coordonnateur de programmes et chargé de mission, aux quatre coins du monde, avec moult collègues et interlocuteurs-trices, en constant déplacement et à écumer conférences et autres séminaires, quand je ne les organisais pas, avaient été fantassionnantes mais, à cause de ma vilaine mie[12], souvent éprouvantes... Et je ne me suis pas battu becs et ongles comme il eut fallu si j’avais tenu à décrocher le job en ligne de mire à Bangkok. Un peu comme après ce que j’avais interprété, à l’heure du « service national » (qui serait finalement bel et bien, homar[13], militaire), comme une promesse du doyen de la faculté du Mirail de me dégoter un poste de coopérant, mais non pas cette fois parce que je n’ai pas perçu la nécessité de batailler ! J’ai donc un peu laissé courir, et après le travail de traduction tombé du ciel, la proposition de Khamol a flotté un temps dans les airs, puis s’est évaporée.
Le dernier métier que j’envisageais, quand j’étais étudiant, était celui de traducteur. Travailler seul devant un ordinateur ? Jamais de la vie ! C’est un « homme du monde », a déclaré Josette à mon sujet à Manno, au tout début de ma relation avec lui. Mami[14] Laurent s’était davantage rapproché de la reconnaissance de ma dimension interstellaire – que je ne désespère pas d’obtenir, un jour –, en me déclarant : « T’es mondial ! » J’ai été tout près d’obéir à la logique de reproduction sociale souvent observée au sein de la catégorie socioprofessionnelle de mes parents, en devenant prof comme eux. En sciences aussi ? Aucune chance. Mais en anglais, ainsi que les études dans lesquelles je me suis dans un premier temps embarqué, à Toulouse, m’y destinaient, mais qui m’ont rasé et que je n’ai donc pas continuées. Cette logique ne s’est par conséquent appliquée, au final, à aucun de leurs trois mouflets-flettes !
Un bémol tout de même : les innombrables cours, non pas de musique mais bien de langues étrangères, que j’ai dispensés jusqu’en 2006 à Saint-Martin. J’ai d’ailleurs commencé cette pseudo carrière d’enseignant dès l’âge de seize ans ! Ma professeure d’allemand du collège de Marracq, épatée par mon niveau (je n’ai pourtant jamais « buché » ma grammaire, ni mes déclinaisons, qui ont fini par « rentrer » toutes seules !... incroyable, les cerveaux tout neufs !), m’a demandé de donner des cours à deux de ses élèves d’une autre classe d’à peine deux ou trois ans de moins que moi, un peu cancres... Par la suite devenus potes, que j’ai souvent revus à Baiona, mais dont les prénoms m’échappent... Mon ambition a un temps été de devenir interprète de conférence, en tentant l’examen d’entrée de l’une des deux grandes écoles, à Paris, par lesquelles le diplôme requis pour exercer ce métier est délivré. Mais le niveau exigé m’a paru inatteignable, les renseignements que j’ai alors recueillis faisant notamment état d’un âge moyen des candidats-dates admis-mies de vingt-cinq ans. C’est vingt-cinq ans... plus tard que j’ai finalement décidé de tenter ma chance ! Je remplissais alors au moins, largement, ce dernier critère !
C’était un projet un peu fou, en raison de ma mie surtout. Mais une discussion à Paris avec Mouna, une mamie... euh... amie interprète de mami Philippe, a fini de me convaincre de me lancer. Première étape : passer six mois dans un pays hispanophone. Il fallait en effet pouvoir justifier d’une maîtrise parfaite de deux langues étrangères, ce qui impliquait notamment d’avoir passé au moins un an dans un pays de la langue A et six mois dans un pays de la langue B. Mais pour l’espagnol, l’une des deux langues de travail étrangères pour laquelle, avec l’anglais, j’envisageais de candidater, je ne les totalisais pas. J’ai opté pour l’Espagne : pendant deux semaines, entre Séville et Madrid, j’ai cherché un appartement à louer. En l’absence de contrat de travail dans ce pays, en principe exigé pour toute location, j’étais prêt à verser, d’avance, six mois de loyer. Mais malgré des recherches intensives je n’ai rien trouvé. J’ai poursuivi mes démarches, de retour à Baiona, par téléphone et par mail, auprès des contacts recueillis sur place. J’en ai par ailleurs sollicité des personnes de mon entourage susceptibles de m’en procurer. En vain. Je ne suis par conséquent même pas parvenu à franchir la première étape du processus !
Je me suis cependant glissé, à deux reprises, qatar é dom[15], dans la peau d’un interprète de conférence, et dans sa cabine. Terre des Hommes a été fondée en 1960 en Suisse à Lausanne. Des associations Terre des Hommes ont été créées dans sept autres pays : l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas, regroupées au sein de la Fédération internationale de Terre des Hommes, sise à Genève. Celle-ci m’a chargé, à l’occasion de deux de ses assemblées générales à Amsterdam, d’en assurer l’interprétation de l’anglais au français, en collaboration avec deux jeunes interprètes professionnel-nelle. Oui, un nel et une nelle. Nous sommes tous-toute les trois (donc deux touts et une toute) intervenus-nue bénévolement (correctement vêtus-tue mais sans plus, on n’était pas à l’O...NU non plus). L’interprète mâle, sachant que je n’avais jamais été formé à ce métier, m’a ainsi félicité : « C’est balèze, ce que t’as fait ! » Et d’ajouter : « Je suis assermenté pour délivrer des diplômes d’interprète de conférence : je t’en décerne un, tu l’as bien mérité. » C’est ainsi que je ne suis toujours pas devenu interprète de conférence, parce qu’en vrai bisû[16] c’est faux. Le compliment, oui, c’est vrai, eh, oh. Au début de la deuxième des deux AG, la responsable de la Fédération m’a pris à part et m’a dit : « Xavier, il faut que je te parle. » Elle m’a annoncé que la jeune interprète de l’AG de l’année précédente était décédée dans un accident de voiture. Quel choc. Elle était si jeune et jolie, adorable et pleine de vie. Bisous ma chérie.
La communication, la publicité, le graphisme, l’architecture... m’ont chatouillé... De même que... dessinateur de bandes dessinées ! Maia[17] ma belle-sœur d’alors (de quand j’écrivais tout ça et non, gamin, mes histoires...) a découvert un trésor, dans les cartons du débarrassage de notre maison familiale opéré en vue (soupir...) de la vendre. Que son mari, mon frère Denis, a entreposés chez ellui[18] : mes histoires et mes BD de quand j’étais petit ! Elle était pègue. Son cul[19] : « Denis a ramené une caisse avec tes affaires, hier... J’aperçois un dessin, je regarde... trop curieuse... et là je tombe sur la bédé La famille Dubidon. C’est absolument génial !!! Les textes, les dessins, les perspectives ! Et puis j’ai regardé le reste ! Je n’ai pas tout à fait terminé (j’ai bloqué une partie de la matinée !). À quand la suite ? Sans dèc’, écris des histoires, t’es incroyable ! » Mais Pom-Pom et Poire-Poire, qu’est-ce qu’elle en fait ? C’est pas tout ça, de ressusciter les Dubidon, ce dont je lui sais gré, d’autant que je ne m’en souvenais même pas de celleux-là, mais les autres ? C’est drôle parce que... oui, Pom-Pom et Poire-Poire étaient restés... ées... é-ée... ? (y a pas de sexe là, c’est des personnes-poire-pomme... comment on fait ?...) comme LE souvenir, une espèce de porte-paroles du passé, dans mon ciboulot, pour tous mes autres personnages de l’époque que j’avais totalement zappés.
Et Maia, après la BestAmaXab[20], d’enfoncer le clou : « Merciiiiii pour cette belle fête !!! Et ce discours !! Ouahou ! T’as vraiment un truc, toi ! Je ne sais plus avec lequel de tes potes de Paris on discutait, on se disait qu’il fallait que tu l’écrives, ce bouquin ! Allez, ziva man ! » Maia alias Anny : comme celle-ci, pour Paul Sheldon dans Misery, devenue ma number one fan[21]. Mais je n’ai oublié aucun encouragement, ni le « Bonne écriture ! » d’Iban après le Château des Visiteurs (bien qu’il m’ait encore fallu deux bonnes années pour m’y mettre), ni le « Écris, toi ! » de Lolo il y a une petite poignée d’années aussi, ni le « T’es sans conteste le meilleur écrivain que la Terre ait jamais porté », de... zut, c’est quoi déjà son prénom ?..., etc. J’aurais voulu être un artiste (peintre) aussi… Mais je suis avant tout un pragmatique né, et les métiers sans débouchés ça n’est pas ma tatée[22].
Mais quelles expériences aux quatre coins du monde la traduction m’a permis !
Je me suis donc retrouvé à exercer celui de traducteur, loin de ce à quoi j’aspirais véritablement et d’une existence professionnelle répondant à tous mes critères de choix, eu égard à mes convictions, telle que j’avais pu la vivre jusqu’alors. La traduction, néanmoins, si elle est bel et bien un travail solitaire, n’a pas été synonyme d’enfermement mais, au contraire, de cette fabuleuse liberté conférée par le fait de pouvoir travailler et vivre où l’on veut ! Et qui m’a donc permis de continuer de parcourir le monde et de rencontrer, à ses quatre coins, toutes sortes de gens. À part des esprits chagrins dont j’ai entendu des réflexions du genre « il paraît que tu ne décroches jamais ! », « tu ne sors pas de chez toi », ou me singeant comme si j’avais un ordinateur greffé au bout des doigts, je vois les yeux briller lorsque je parle de mon travail autour de moi. « C’est les meilleurs métiers, ça ! », s’est enthousiasmé Philippe l’ami de Tifim ma « fille adoptive » un après-midi à déjeuner, siroter des cocktails et nous prélasser sur des transats de la plage Orient Bay à Saint-Martin.
L’exercice de la traduction alliant pratique des langues étrangères et écriture, en soi, me plaît en outre beaucoup. « Tu ne peux pas nier un certain caractère rébarbatif de ton travail », m’a un jour déclaré Olibi... non, là je le débise : Olivier. Je plaisante, je le rebise, ça n’était rien de désobligeant, et Olibi, ah oui-oui-oui (c’est lui, qui dit ça tout le temps, avé l’accent africain) pointait là le fait que, certes, je traduis tout sauf de la littérature... Mais tout aussi sauf des « modes d’emploi » ! Des manuels d’utilisation pour des machines, dans l’industrie, ça oui-oui-oui. Mes clients sont des entreprises par lesquelles me sont confiés, la plupart du temps via des agences de traduction, toutes sortes de documents commerciaux, institutionnels, juridiques et... techniques, ça oui-oui-oui. La trad m’a valu nombre de rencontres... physiques ! à Paris et ailleurs, avec mes collègues virtuels-uelles, dont la petite équipe des Éditions francophones d’Amnesty International, à plusieurs reprises, celle du réseau d’ONG Concord à Bruxelles, de quelques agences à Paris, etc.
Et il est passionnant de voyager, ainsi, à travers le vaste monde des entreprises, qui n’a plus de secret pour moi ! Avec la traduction, j’ai continué d’évoluer dans celui des droits humains, à travers celle de plusieurs ouvrages de Terre des Hommes et de nombreux rapports d’Amnesty International, de Greenpeace, de Peuples Solidaires, de Concord – le réseau basé à Bruxelles dont Olivier, un ancien collègue de TDH, a occupé le poste de directeur général –, de l’International Network for Economic, Social and Cultural Rights (ESCR-Net), basé à New York, avec qui j’ai participé à une conférence sur les DESC à Bangkok, et d’autres ONG encore. J’ai par ailleurs quotidiennement découvert avec grand intérêt, pendant deux ans, en Thaïlande, les analyses de géopolitique des articles que je traduisais pour Presse Plus, la boîte de Xixili. J’ai même vogué à travers les océans, à bord du Great American 4 de Rich Wilson, dans sa course en solitaire à la voile autour du monde sans escale et sans assistance du Vendée Globe ! (« La plus dingue et la plus dure ! », ai-je entendu suminu[23] d’un concurrent de l’édition de 2020 un peu avant son lancement.)
J’ai transposé, de l’anglais au français, les messages quotidiens de ce navigateur âgé de soixante-six ans, pendant trois mois, en 2017, destinés à alimenter son site Internet SitesALive. Rich a créé ce site, en 1993, dans le but de permettre à des lycéens-céennes du monde entier de suivre ses aventures tout en stimulant leur apprentissage dans différentes matières telles que la géographie, les mathématiques, la physique, en s’appuyant sur les enseignements de ses expéditions. « C’est super ce travail ! » : crucu [24] de Sabine exprimant son appréciation de ce que je fusse en mesure de passer plusieurs mois à Baiona à m’occuper d’Ama, avec elle et Denis, quand elle est tombée malade, chez elle puis à l’Epahd, ainsi que de l’avalanche de démarches à accomplir... Super le télétravail par ailleurs, oui, en l’absence de... super condition physique. Mais si la traduction n’était qu’une partie de plaisir et ne comportait que des avantages, comme pour n’importe quel métier, cela se saurait : les aspects moins ragoûtants – en l’occurrence non pas tant rébarbatifs qu’éprouvants et stressants –, ne manquant évidemment jamais !
Les synchronicités, cher Olivier, n’oublient pas non plus d’« illuminer » (c’est lui qui dit aussi) mes traductions ! En ce qui concerne les textes de Rich Wilson, c’est ainsi que ce brave et bien courageux bonhomme, par le truchement d’Antoine, qui m’envoyait ses « podcasts » à restituer en français, m’a adressé un message qui semblait me dire : « N’oublie pas : c’est bientôt les quatre-vingts ans de ta maman ! » Abracadabrant ? Mais non, deux Granits[25] qui se rencontrent ! Rich et Ama je xi [26]. Par quelle opération du Saint-Esprit encore ? Tout un stratagème. Antoine m’a écrit, le 21 février 2017, avec la toutnie[27] missive du champion : « Aujourd’hui marque la fin de l’aventure pour Rich. Il arrive aux Sables d’Olonne ! » Je lui ai répondu : « Alors c’est le jour J ! » Je me suis tourné vers mon poste de télévision, pour allumer la radio que j’écoutais via le câble : le décodeur affichait 08:08, en ce « Jour J » pour Rich Wilson et comme… « Jeannette » ? Avec, à deux semaines de ses quatre-vingts ans, ces deux 80 à l’envers… Deux comme ces deux semaines, donc, qui restaient à Ama avant de franchir ce cap de sa propre longue épopée, et comme les deux années moins des poussières qui séparait celui-ci de sa ligne d’arrivée.
Dans un autre compte rendu de Rich Wilson, c’est via un internaute que ce dernier a souhaité communiquer avec moi. J’ai commencé par le titiller, pendant une sieste matinale, avec un rêve dans lequel j’étais cerné de vagues énormes, un élément récurrent du riche univers parallèle de mes songes mais rarement aussi spectaculairement représenté, et qui n’avait pas surgi duququ[28]. Dans la communication de Rich du jour qui a suivi, j’ai traduit cette question qui lui était adressée par un adepte de son site Internet : « Quelle est la hauteur des vagues que vous voyez en moyenne ? » J’ai alors évoqué, dans un cul à Antoine le lendemain, en une allusion à quelques problèmes d’envoi et de réception que nous venions de rencontrer, « un petit “chaos” dans nos “allers et retours” ces jours-ci. » « Mais, opinai-je en sus, rien comparé à celui que Rich vient de subir [une série d’avaries], n’est-ce pas ? Allez, la course continue ! Et nous maintenons le cap ! » Récit de l’athlète des océans juste après : « Toutes les personnes impliquées devront faire preuve d’une persévérance considérable pour aller jusqu’au finish. L’enseignement de tout cela, comme pour tant d’autres aspects et défis de l’existence, est peut-être la nécessité de maintenir le cap, jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. » Pour conclure ce florilège, à propos de l’asthme sévère (oui, en plus !) dont Rich Wilson souffrait, j’étais en train de traduire son podcast, à une autre occasion, en me disant qu’il n’en parlait jamais – il l’avait évoqué une seule fois en quelques mots – quand, quelques lignes plus bas, surprise : il traitait la question par le menu.
Les lagunak[29] aussi m’ont fourni du travail ! Thomas (à la base un ami d’enfance de Denis, bien que pas urde-zikinien mais adixki-pompien), pour son agence de communication, ainsi que Lolo et sa huissière d’Héléninette pour leur étude. Hélène m’a écrit ce message après ma traduction d’un document du français à l’anglais pour elle : « Un grand merci pour ton aide précieuse. À moi l’Asie Centrale et la vie de nomade pour... cinq jours en comptant l’aller et le retour ! Un magistrat m’a effectivement demandé de l’accompagner au Tadjikistan, à l’occasion de la table ronde pour laquelle j’avais besoin de ce document. Je ne sais pas si je suis suffisamment armée intellectuellement [l’humilité des gens... intelligents...], et je vais me frotter à ce nouvel exercice qui est surtout une belle opportunité de changer de mon labeur quotidien. Merci pour ton excellent travail [mon intellumilité : si peu me vanter – alors que... –, quand je raconte ma vie[30]], mon niveau en anglais ne me permettait absolument pas de réaliser une telle traduction ! » Le document, à la fin, comportait le prénom et le nom d’une « chargée de projets », suivie du nom et de l’adresse de son organisation à Paris. La dame s’appelait Giraud. J’avais deux coups de téléphone à passer depuis quelques jours : l’un à la boutique Natural Dispensary, en Angleterre, au sujet d’une commande de produits phytothérapeuthiques, suite à ma retraite au centre Amchara, et l’autre… au docteur Giraud à Baiona.
- ↑ De « nimportnawak » (n’importe quoi) en bon français, « niak » en modoupaïen
- ↑ Arrête !
- ↑ Oh joi...yité*, car ils étaient là, ceux-là, depuis bien avant ce délire de dernière minute, entamé avant que je ne les percutasse de nouveau, avançant dans ma ligne sans regarder devant (*Joyité = jolie synchronicité)
- ↑ Grande Aventure
- ↑ Chiffre plutôt sympa
- ↑ Je le réalise en écrivant cela
- ↑ Au temps pour moi
- ↑ Mon amie « Chichili »
- ↑ Tout premier
- ↑ Quelques années plus tard
- ↑ Alors, nous n’avons pas ici un vulgaire Ka-mol, mais un joli « h » aspiré, après le « k » et, à la fin, rien de « mol », mais du « monn ». Le « l » final, en Thaïlandais, ne se prononce effectivement pas « l » mais « n ».
- ↑ Maladie
- ↑ Horreur, malheur
- ↑ Mon ami
- ↑ Quand j’étais salarié de Terre des Hommes
- ↑ Bien sûr
- ↑ « Maïa »
- ↑ « Eux », elle et lui
- ↑ Courriel
- ↑ « Bèchtamachab » : la fête de mes 50 ans ici-bas et des 1 an d’Ama dans l’au-delà
- ↑ « Numbeur ouane fèn » : plus grande admiratrice. Ah oui-oui-oui. Avé l’accent ouest-africain.
- ↑ Tasse de thé (« taté » féminisé : le genre des modous* est le même que celui des mof-mofs** (*Mots de modoupaïen **Mots de français – Là, s’applique la règle de doublement des molbiques, molniques ou moniques [synonymes pour « modous monosyllabiques »] : « mof » X 2 = « mof-mof ».)
- ↑ Sur mon ordinateur
- ↑ Cri du cœur
- ↑ Grands Esprits
- ↑ « Je chi » : je veux dire
- ↑ Toute dernière
- ↑ Depuis quelques temps
- ↑ « Lagounak » : amis-mies
- ↑ Repérer les 1er, 2ème, 3ème, etc., degrés = concours pour la gloire, je n’ai toujours pas le budget pour de gros lots.