Chapitre 6 – Jeune et fougueux Renard-Fox-Fennec et meutes
Xavier au lycée : un enfant de chœur ? Pas vraiment. Un lèche-cul ? Non plus.
J’étais « Fox », pendant les années JEC, ainsi baptisé par Peio, mais aussi un fennec, animal des sables ayant supplanté celui des bois à la faveur, en l’espèce, de mon changement de nom par mes potes du lycée, le trio Jean-Yves, Emmanuel et Bruno (& Co). Au début de ma première année en classe avec eux, en Première, au lycée Lauga – le lycée du bas du quartier et de l’échelle sociale locale, pour lequel j’avais fui le lycée Cassin, le lycée du haut –, ils m’avaient pris pour un fayot. Un Yves sans Jean, maintenant. Un Yves, tout simplement : mon prof de français, à Lauga, où Viviane sa femme et homologue (même matière) enseignait également. Le couple était très ami de mes parents, profs eux aussi : ma mère de sciences naturelles, mon père de sciences physiques. Yves, à la fin d’un cours, m’a fait une fanta-prop : accompagner en Allemagne avec lui et Viviane, l’été suivant, en tant qu’interprète, tous frais payés en contrepartie de ce rôle qui me serait assigné, un groupe de jeunes danseurs-seuses basques de leur association de leur village de Bardotze[1] situé à une trentaine de kilomètres de Baiona. Yves savait de sa collègue en allemand mon plutôt bon niveau dans cette langue pour laquelle j’avais opté, au collège, dès la Sixième. J’ai passé un inoubliable séjour, en Souabe, dans le land de Bavière, avec Viviane, Yves et leur groupe, et plein de tamomes[2] par la suite à Bardotze. C’est un joli pipi[3] de ma vie.
À la fin d’un autre cours avec Yves, je me suis levé de la table à laquelle j’étais assis, d’un côté de la salle, pour me diriger dans la direction de son bureau. Ce n’était pas à son invitation, cette fois, ni pour m’y arrêter et me voir offrir un fabuleux voyage, surpatadag[4], avec plein de gens adorables dedans, mais pour me rendre à une table de l’autre côté de la salle, le long des fenêtres donnant sur la cour du lycée, et y mettre quelques points sur les « i ». Bruno (aujourd’hui flic à Baiona), pendant le cours, à qui j’avais apparemment, involontairement, un peu coupé la parole, en répondant à une question du prof, m’avait ainsi remballé devant toute la classe : « C’est bon, Renard, on le sait, que t’es plus intelligent que tout le monde ! » Un peu cancre, pour une fois qu’il participait, il n’avait pas apprécié que je l’interrompisse. Je lui ai expliqué que ça n’avait pas été mon intention et que, non, je ne me prenais pas pour « Monsieur Je-sais-tout ». Quelle idée, vraiment, et il n’est ensuite plus jamais, jamais venu à l’esprit de personne, jusqu’à aujourd’hui, de l’insinuer.[5] Mais j’ai surtout expliqué à Bruno que s’il avait quoi que ce soit à me dire, c’était en face et non en public qu’il devait le faire. Abcès ainsi immédiatement crevé qui a fait que nous sommes devenus encore plus copains que nous l’étions déjà, en réalité.[6]
J’ai fini de mettre à bas l’image de lèche-cul que j’avais à ses yeux et à ceux de Jean-Yves, Emmanuel et compagnie, en sortant de mes gonds après la remarque, d’une prof cette fois, depuis sa propre tribune, que je n’avais pas davantage appréciée. La prof de maths, une Basquaise pur jus BCBG pète-sec mais très intègre et excellente professeure, m’a reproché, en plein cours, de me dissiper. Ce qui était vrai ! J’étais donc certes très studieux mais effectivement pas le dernier à bavasser et blaguer. Ah là, là, c’était le bon temps, le lycée, qu’est-ce qu’on se marrait... Mes amis-mies flics... euh... profs apprécieront[7]. Mais elle a eu le malheur d’affirmer que j’obtiendrais de meilleures notes si j’écoutais davantage ses cours. Peut-être n’avait-elle pas entièrement tort, mais j’étais tout de même la plupart du temps très attentif et je les travaillais on ne plus sérieusement. Je l’ai sèchement rembarrée. Je bossais mais n’avais pas la bosse des maths, et j’ai rarement vécu pareil soulagement que quand, une fois mon bac B en poche, j’en ai été débarrassé ! Mais le tout-littéraire du cursus de Langues et civilisations étrangères dans lequel je me suis ensuite engagé à la fac, en anglais, m’a barbé, et j’ai alors bifurqué.
Que je fusse Fox, Renard ou Fennec, avec Peio j’étais copain comme cochon. Il aimait mon humour « pince sans rire ». Un registre dans lequel il était fortiche aussi, tout comme pour l’humour tout court et tant d’autres qualités humaines. Nous nous retrouvions tous les jours, jécistes et autres, entre la matinée et l’après-midi de cours au lycée, dans un immeuble de trois étages de la rue Gosse du vieux Baiona. Ce lieu, le grand espace au rez-de-chaussée, ses salles de réunion, la pièce au dernier étage où nous buvions le café à un comptoir de fortune planté dans un coin de celle-ci – où trônait souvent Peio, qui écoutait nos histoires, riant à nos blagues et faisant mine, parfois, de nous remonter les bretelles, de sa voix sonore au timbre bien de chez nous –, me reviennent à l’esprit comme un antre du bonheur. Mais attention nous turbinions, pendant nos réunions. Le monde merveilleux de ces années-là, c’était aussi le « château de Saint-Jean-le-Vieux »[8], où se déroulaient les camps de la JEC et de l’aumônerie. Les jeux de piste la nuit et de la vérité, les débats, les chants, les dortoirs, les repas, et même les « corvées » de cuisine, de vaisselle, si ce n'est de nettoyage des chiottes... : du bonheur en barres-boîte.
Très chers-chère Christophe, Jean-Luc, Betty et Gabi, et vilaines Vivie et Vyvy
J’ai par ailleurs particulièrement apprécié la compagnie de Christophe, le frère d’Olivier, de six ans son aîné, ainsi que de Jean-Luc et Betty – qui, quels nutards[9], se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (quatre) –, qui nous encadraient aux côtés de Peio. Gabi, le frère de Jean-Luc, est le personnage de toute une époque de ma vie avec Ama. Les longues lettres lyriques et engagées que cet ancien militant de l’organisation séparatiste basque Iparretarrak lui a écrites, pendant sa détention, de 1984 à 2001, et qu’elle me donnait à lire, ont bercé, d’enfant à jeune adulte, ma propre âme de militant en herbe. Gabi-Xabi même combat ? Pas vraiment, pas question de lutte armée pour ce qui me concerne en tout cas (Dieu m’en garde), et si je peux avoir en commun mon attachement à la cause basque et à d’autres valeurs de défenseurs-seuses des droits de ce rang, loin de moi la prétention de m’y « comparer ».
À son accession à la présidence de l’Observatoire mondial des prisons, en 2004, Gabi a déclaré : « Être révolutionnaire, c’est défendre l’homme. Pour cela, l’arme, c’est le droit. Les prisonniers sont niés dans leur humanité. Je n’ai pas été élu à l’OIP pour faire part d’opinions politiques mais pour parvenir à la transparence des murs des prisons. »
- L’ARME, C’EST LE DROIT !!!
OUI, je suis ça moi aussi, un « homme de droit » !!! Les droits humains sont mon crédo, mon flambeau.
J’ai invité Gabi, Jean-Luc et Betty à la fête que Sabine, Denis eta nik[10] avons organisée, en mars 2017, pour les quatre-vingts ans d’Ama, mais nous n’avons pas eu l’honneur de leur présence. Gabi m’a répondu ceci : « Egun on[11] Xabi. Merci pour cette belle initiative, mais je ne pourrai venir auprès de Jeannette à l’occasion de cette rencontre. Luma et ses presque trois ans et Elea et ses sept mois nous font vivre un quotidien très fatigant. Nous ne sommes vraiment pas en état d’assumer des sorties festives. Navré. Que la fête soit belle ! Agur[12]. » Ama était aussi très amie de la maman de Gabi et de Jean-Luc, de dix ans son aînée et dans une forme à la faire pâlir d’envie !
Je me souviens de Christophe, pendant ces années d’enfer des camps et de la JEC, comme une sorte de grand frère... Ainsi est-il un autre de mes Prémices. Mais c’est avec Olivier, âgé d’1 an + 15 jours de plus que moi seulement (1+1+5 = 7, 7+2 = 9, 9 x 111 qunuf[13] 999, lomo[14]), que j’ai connu beaucoup plus tard, que je me suis vraiment lié d’amitié. Entre les deux (mon Okiki et mon Krikri), les rapports n’ont jamais été très simples. J’ai demandé à Olivier, à l’occasion de l’écriture de ce passage, de me préciser sa différence d’âge avec Christophe. J’hésitais entre quatre et six ans. « Six ans ! » m’a-t-il répondu, ajoutant : « Dans ces camps d’aumônerie [nous n’avons – malheureusement – pas fréquenté les mêmes], la distance entre mon frère et moi était plus grande : tu peux mettre dix ou quinze ans, facile ! ». Je n’ai retrouvé Christophe que quelques fois assez récemment chez lui à Baiona avec Olivier et Bernadette, depuis cette époque, à l’exception d’une entrevue, il y a longtemps, à Paris. Devenu une star de la radio et du petit écran, il a été présentateur du journal de treize heures de France Inter puis de France 2, antenne sur laquelle son franc-parler du gars bien de chez nous ne lui a pas permis de demeurer très longtemps. Qu’il ne se fonde pas davantage dans le microcosme du show-biz parisien... n’est pas pour me déplaire !
À mon retour de mission humanitaire au Rwanda, au début de l’année 1996, il m’a convié à son studio de Radio France à Paris. Il a glissé, en hommage à mon honneur, dans le programme de son journal, alors qu’il était assis devant moi, face à son micro, une dépêche sur le Rwanda. Puis nous sommes allés déjeuner dans un restaurant du quartier de la Maison de la Radio à proximité du Champ de Mars. Nous avons parlé de nos expériences respectives du terrain, où il avait côtoyé, en tant que journaliste, en ex-Yougoslavie notamment, un certain nombre d’humanitaires comme moi. Égal à lui-même, il a un peu craché dans la soupe en ayant, pour ces derniers-nières – m’éclaboussottant au passage –, essentiellement des critiques à formuler. Du genre : tu parles d’un sacerdoce, des missions tout confort ! Qu’il puisse y avoir à boire et à manger… entièrement d’accord. Mais le reporter qu’il était n’avait cependant certainement pas manqué de profiter de la logistique des organisations humanitaires, souvent pourvoyeuses des moyens de communication des envoyés-yées spéciaux-ciales des radios et des télévisions, si ce n’est de leur gîte et de leur couvert. Parole de l’administrateur de Médecins du Monde au Rwanda et en Afghanistan que je fus, aux premières loges pour le constater. « Moi » aussi, j’en ai hébergé.
Dans l’ordre chronologique, le Rwanda et Christophe m’ont amené à approcher les deux plus grandes réaques du PAF[15] et de ma vie : Sylvie Brunel et Élisabeth Lévy. Christophe et moi ne sommes politiquement vraiment pas sur la même longueur d’ondes, et l’animal s’est autrefois montré particulièrement provocant, si ce n’est méprisant, à propos d’Euskadi, dans un article de Sud-Ouest qui avait fait grand bruit. Quant à la Vivie ci-dessus, je n’avais aucune idée de qui elle était quand, il y a un quart de siècle, au Rwanda, par fax interposé, nos chemins se sont croisés. Elle ne jouissait pas de la même notoriété qu’aujourd’hui. J’avais en revanche maintes fois entendu parler de l’encore plus redoutable Vyvy[16], or je me suis retrouvé assis à côté d’elle, à une grande tablée sous l’abri de jardin de chez Christophe, à Baiona, me disant que je la connaissais mais ne la remettant pas. Soumettant mon interrogation, quel jutard[17], à Olivier, mon ami m'a donc rafraîchi la mémoire, quant à qui la dame était. Saperlipopette, mais c’était bien sûr ! J’ai perdu une bonne occasion de me défouler.
En vrai : j’aurais pu saisir toute la dimension d’une réflexion de pure facture lévyslamophobe qu’elle n’a pas manqué de formuler, dans des propos que nous avons échangés, dont il ressortait en substance que si les bouddhistes étaient capables des mêmes horreurs que les musulmans, ça se saurait. Et j’aurais alors pu tâcher de placer, avec tact et diplomatie bien entendu, mon propre mot bien senti ! Au lieu de quoi je suis un peu resté sans voix. Ce thème est une véritable obsession chez elle, tout comme celui des adeptes du parler-vrai comme elle soi-disant injustement vilipendés ou que l’on bayonne... euh... baillonne... merde mais comment ça s’écrit ?... Ah, voilà : bâillonne. Le « a » avec accent circonflexe : sans Internet je n’aurais jamais trouvé ! Les musulmans je ne sais pas, mais le français est un terrorisme orthographique et grammatical.[18]
Aux époques successives de mon adolescence et de ma jeunesse ont correspondu différents cercles de lagunak[19], dont le toutni[20], avec Marc – le plus antique d’entre eux, que j’ai connu à la maternelle –, Olivier et Nathalie, les principaux-pale, mais aussi Karine, Nadine, Valérie, un autre Olivier, Rémi et quelques autres loustics-tiques. Consofrérie avec le-la-quel-quelle j’ai fini par rompre parce qu’il était impossible de traîner tous ces gens plus loin que Meharitze[21], et jamais question par exemple d’aller en Hegoalde [22], versant oriental, de l’autre côté des Pyrénées, de notre Euskadi aux beautés et plaisirs infinis. Mais Marc, Olivier et Nathalie ont depuis longtemps réintégré mon Panthéon.
Moi, un bourgeois ? Au vu de mon choix d’appartement pour mes études à Toulouse : pas tant que ça !
Novembre 1987. Rentrée universitaire. « Fox !!! Qu’est-ce que tu fais là ???!!! » Ce n’était pas Peio, qui me hélait ainsi – les années collège et lycée c’était terminé –, mais Amaia. Mon ancienne camarade jéciste préférée, comme tombée du ciel, tandis qu’elle passait devant le banc d’un trottoir d’une avenue de Toulouse sur lequel je me trouvais à éplucher les annonces, à la recherche d’un appartement, a ainsi lancé le Gachapi de mes quatre années d’études dans la capitale occitane. Mais nos retrouvailles signaient aussi le début de ma Grope[23] en tant que membre de Gro... euh... Krokoska[24]. Je venais de débarquer dans la Ville Rose, où je m’étais inscrit en Lettre et civilisations étrangères, en anglais, à l’université du Mirail. Je me distinguais ainsi de la grande majorité des jeunes gens de ma région, qui choisissaient Bordeaux, beaucoup plus proche de Baiona. Mais j’avais décrété que Bordeaux était une ville de bourgeois, tout comme trois ans plus tôt, à la fin de la Seconde, j’avais fui le lycée René Cassin lui-même étiqueté comme tel par mes soins, pour le lycée technique de Lauga où le baccalauréat B d’économie que je visais venait d’être institué.
Ma mère enseignait à Cassin, après avoir officié au collège de Marracq où elle avait été deux ans, en Quatrième et en Troisième, ma professeure de biolo. La deuxième année, nous avons même respectivement occupé la fonction de professeure principale et de délégué de classe ! Nous nous retrouvions donc également aux conseils de classe, à l’occasion de l’un desquels nous nous étions même un peu accroché-chée, devant l’assistance de tous-toutes ses collègues et des membres de la direction du collège médusés-zées. Au lycée René Cassin, la pauvre Jeannette avait été assaillie par les autres professeurs-seures, qui ne concevaient pas que l’élève studieux que j’étais pût opter pour une autre voie que le baccalauréat C. Car les meilleurs-yeures, forcément, faisaient des maths ! Et à Cassin bien sûr ! Moi, des maths ?! Je n’aurais à vrai dire pas imaginé provoquer de telles réactions, et me fendre, ainsi, d’un si magnifique pied-de-nez. Pour ne pas parler du doigt.
Vu à la télé pupata[25] : « Vivre sans eux », l’histoire de Martin et de son fils Aurélien en froid depuis onze ans parce que papa, qui avait peu goûté que son rejeton choisît une existence de travesti, l’avait un peu cogné et avait écopé d’une injonction d’éloignement. Mais le fiston avait fini par décider de reprendre contact avec son père, et lui avait donné rendez-vous dans la demeure de maître de son compagnon, où Martin avait été accueilli par un couple qui lui avait alors annoncé avoir récemment acheté la maison. Martin, intrigué et inquiet, car n’ayant plus de nouvelles de son fils, et la police refusant de l’aider, s’est mis à épier les allées et venues des nouveaux et troubles châtelains. Il a alors rencontré une jeune fille, Adèle, quant à elle à la recherche de son père, qui se trouvait être Aurélien. Dans une scène du film, Adèle demande à Martin : « Il allait à quel lycée, Aurélien ? » Martin de lui préciser le nom du lycée et Adèle de déclarer : « Ah ouais. Moi j’allais chez lez bourges » ! Bourgeois pas bourgeois : l’éternel débat. Loin de moi l’idée de m’offusquer que l’on puisse m’en taxer, au sens de « privilégié ». Je considère d’ailleurs comme privilégiés-giées d’entre les privilégiés-giées de la Terre celleux qui, comme moi, non seulement disposent de tout ce qui est matériellement nécessaire, d’un travail non aliénant, pour ne pas dire intéressant voire passionnant mais, cerise sur le gâteau, avec la conscience de tels privilèges et la notion de la vraie vie et des réalités, à la différence de certains-taines (ultra)riches et autres rentiers-tières.
Conversation au téléphone depuis ma Gwadloup sur la qualité de vie au travail avec ma cousine Maritxu[26], qui vit près de Toulouse avec Laury son mari, ainsi que Lise et Maialen[27], leurs deux filles, et Corentin le cadet (les mistinguettes ayant cependant depuis un moment commencé à voler de leurs propres ailes) : j’entends de tous les côtés, lui dis-je, les histoires de gens victimes d’agissements irrespectueux, si ce n’est de mauvais traitements et de harcèlement de la part de leur direction ou de leurs collègues. Également vu à la télé : « Petits chefs, lost in management ». Ça commence ainsi : « Je n’ai jamais travaillé en entreprise. Je n’ai jamais eu de N+1 ni de N+2. Parfois, avoir un quotidien stable, des collègues et un salaire tous les mois aurait pu me faire envie. Mais il y a quelque-chose qui me refroidit toujours, c’est quand j’entends les salariés me parler de leur chef. » Maritxu, maître de conférence et chercheuse en pédologie, n’avait d’ailleurs elle-même pas toujours été épargnée ! Et au téléphone c’était elle qui, d’abord, m’avait parlé des relations difficiles de Lise avec son patron.
Mon éternelle optimiste de cousine avait malgré tout tenu à relativiser l’ampleur du problème, et prenant son parti je m’étais exclamé : « On ne va pas faire les misanthropes ! » Il ne fallait pas compter sur elle pour cela, mais j’ai quand-même visé en plein dans le mille, car elle avait récemment vu au théâtre avec Lise, à Paris... « Le Misanthrope » de Molière ! Dans ce même registre des relations au travail, dont l’expérience relatée par les uns-zunes et les autres démontrent donc fort malheureusement le caractère si souvent exécrable, et qui en disent tellement long sur l’état de pathologie chronique de la société et de ce monde, une amie m’a écrit ceci à propos d’un de ses responsables, qu’elle appelle son « connardinateur » : « Je ne me permets pas souvent de traiter quelqu’un de con, mais là, je t’assure que c’en est un, de première catégorie, je pense que tu serais d’accord avec moi, car incompétent, inhumain, prétentieux, misogyne, sans aucun respect pour personne, même pas sa femme et sa fille ! » Eh ben. Je lui ai répondu, non sans approuver son souci de se garder, de manière générale, de tout jugement hâtif et définitif : « Il faudra vraiment, peut-être pas que sapiens disparaisse [selon la sentence dominiquaise], mais que la connerie recule, parce que sinon, qu’il le veuille ou non, pour lui c’est fini. »
Bourgeois pas bourgeois, je ne m’en suis en tout cas pas révélé un de la pire espèce dans mon choix, à Toulouse, de mon premier appartement. Il était tellement peu high-class[28] qu’Aita a frôlé l’attaque d’apoplexie. Mon souci était véritablement, dans ma quête en plein laquelle Amaia m’avait cueilli, sur mon banc, d’assurer un coût de mes études le moins élevé possible à mes parents. Et je préférais, à du neuf tout riquiqui, de l’ancien un peu plus spacieux. Le loyer était de mille francs (cent-cinquante euros). Mon père, bricoleur devant l’Éternel et ne comptant plus les appartements rénovés entre Meharitze, Bidarte et Getaria[29], n’était d’ailleurs pas du tout hostile à ce principe, et ne demandait pas mieux que de prêter main forte à son fils pour parfaire son nid douillet. Le choc l’a cependant empêché de savourer ce qu’il aurait pu considérer comme une réussite : celle de n’avoir pas fait de moi un enfant trop gâté ! Accouru à Toulouse dans l’optique d’apporter les quelques améliorations que l’appartement que j’avais finalement déniché, rue de la Laque, dans le quartier de Saint-Cyprien, pouvait nécessiter, sa découverte lui a au contraire inspiré ce crispir[30] : « Mais mon fils, tu aurais dû me dire de venir t’aider à chercher ! » « Mais il est très bien ! » avais-je rétorqué, moi-même interloqué par sa réaction. Vraiment, je ne comprenais pas, car j’étais très content de moi.
Mais il faut dire que j’avais fait la connaissance de mon père et de ma mère à la JEC, dont les membres étaient plus guindés-dées les uns-zunes que les autres. Il fallait voir Amaia sur ce trottoir, à Toulouse, quand elle m’est apparue, dans ses talons et son tailleur comme à l’époque des réunions au sommet. Et sa copine Sandrine qui marchait à ses côtés quand elles m’ont croisé : elle était d’une préciosité ! Krokoska ? Un club de bourgeois. En vrai, une série de copier-coller avait engendré, dans mon texte, cet invraisemblable énoncé : « faire dépenser le moins possible à mes parents que je connaissais de la JEC » ! Quant au maudit taudis, un peu arrangé par mon papounet une fois qu’il eut repris ses esprits, preuve de la qualité de ma trouvaille bien qu’elle pût ne pas sauter aux yeux, il a tellement plu à mes lagunak qu’ielles y ont élu domicile après moi, les uns-zunes après les autres, pendant cinq ans ! Après l’avoir chauffé avec ma clé[31] Yolande, celle-ci s’y est installée, l’année suivante, puis ont suivi Iban et Kiki. Situé au rez-de-chaussée, nous avons tous-toutes particulièrement apprécié sa petite cour intérieure, le théâtre pendant ces années, comme l’appartement lui-même et celui de tous-toutes les autres gais-gaies lurons-ronnes de la clique, de tellement de repas et soirées inoubliables ! Autre détail révélateur de la réelle vétusté des lieux, qui ne nous a pas davantage rebutés-tées – mais nous étions jeunes et en pleine santé : les toilettes étaient à la turque, et à l’extérieur ! Quand j’y pense, moi le handicapé que j’allais devenir... Mais j’avais alors encore à fond les deux pieds dans le monde des vivants-vantes et, sur les rebords de la cuvette en émail au ras du sol, il ne leur était pas demandé de tenir (beaucoup) plus longtemps que ceux du commun des mortels.
Notons trois surprise-parties parmi les plus mémorables, organisées par mes soins : les soirées « Pieds-dans-le-plat », « Étiquettes » et « Destroy ». Les deux premières ont eu lieu dans l’appartement du quartier Saint-Bernard que j’ai occupé la deuxième année. Elles ont consisté dans japu[32] quel délire à base, pour la première, de spaghetti bolognaise, dont nous nous étions goinfré, avant de lamentablement finir par jouer avec et, pour la deuxième, de rouleaux d’étiquettes adhésives du commerce que je sortais de japu où et qui ont terminé en guirlandes sur les câbles électriques de ma rue. La « Destroy » fut la plus dingoy : il s’est agi de tout casser dans mon deux-pièces d’un immeuble du quartier Saint-Sernin, à deux pas de celui « Des Origines », rue Riquet, d’Amaia et Sandrine. (Et en plus ça rine... euh... rime.) Ses autres locataires et moi-même avions intenté une procédure contre notre agence immobilière spécialisée dans la location de taudis, mais pas chers au moins ! C’est elle aussi qui m’avait dégoté le trésor de la rue de La Laque. Nous souhaitions obtenir qu’elle fût contrainte d’engager des travaux de rénovation. Mais tout ce que nous y avons gagné a été de nous en voir expulsés-sées, en bonne et due forme, en vue de la réfection de l’immeuble. Yannick, un des plus costauds et barjots de l’équipe des destructeurs-trices, le soir de la fête, avait même tenté d’abattre une cloison à coups de pieds. Mais sans succès. Les bourrins étaient au rendez-vous mais il manquait les burins.
À propos de ce monsieur que j’appréciais beaucoup, un roti[33] de moment excitant : rien de sexuel malheureusement, mais un « tête-à-claque ». Le but du jeu est de s’asseoir face à son partenaire et d’échanger avec lui non pas des bisous, à la différence du tête-à-bise, mais des baffes. Et nous ne nous les sommes vraiment pas assénées qu’à moitié. Sans broncher. En nous retenant, non pas de nous étriper pour de bon, mais d’éclater de rire. Bête et méchant ? Pensez donc. Ça nécessite une sacrée complicité en tout cas. Et il faut croire que nous n’en manquions pas. Yannick fait partie de ces pas-vus-depuis-trant-de-temps-euh...-trente-ans-euh...tant-de-temps-en-tout-cas que j’aurais trant... euh... tant de plaisir à retrouver ! Mais, jélica, je n’ai repensé à lui ni pour la fête que j’ai organisée en Euskadi pour mes trente... euh... quarante ans, ni pour celle de mes cinquante ans, pour lesquelles je me suis pourtant décarcassé à trenter... ooohhh !!! mais c’est pas vraaaiii !!!... à tenter de retrouver mes anciens-ciennes compa...gnons, et gnonnes, de route...
Toulouse, à quatre heures de Baiona par le train au lieu de deux pour Bordeaux, assurait à l’assoiffé de liberté et d’indépendance que j’étais déjà de n’avoir à retourner chez ses parents que pour les vacances scolaires. Amaia, quand elle est apparue, comme par enchantement, était donc accompagnée de Sandrine La Boque devenue La Deube quand, quelle nutarde[34], elle s’est mariée à son Gilles. Elles m’ont proposé de les accompagner chez elles, à deux pas, invitation que j’ai acceptée sans hésiter. Bien mal m’aurait pris de la décliner, car elle allait lancer le défilé de dizaines de personnes devenues mes lagunak, dont la plupart le sont encore aujourd’hui. Je les ai donc suivies, en direction d’une rue, à quelques mètres, perpendiculaire à l’avenue où elles m’avaient cueilli, et qui remontait tout droit jusqu’à leur appartement, comme une rampe de lancement vers ma nouvelle vie, depuis la croisée des chemins où le destin venait de nous réunir.
Une invitation qui a donc eu ce résultat phénoménal de la quantité de gens – même si pour la qualité on repassera... mais non, justement, la quantité de gens fabuleux qui se sont mis à peupler mon monde, et dont je continue de tenir aujourd’hui, pour la plupart, à l’instar de tous-toutes mes chteuneus-neues[35], comme à la prunelle de mes yeux. Je le dois donc à Amaia, à ce titre un autre Prémice ! De mon côté, tout seul comme un grand, je n’ai noué, à cette époque, aucune relation de cette qualité ou aussi durable, même s’il en est, parmi celleux que j’ai connus-nues par ailleurs, que je serais le plus heureux des hommes de revoir (même habillés-yées). Il est vrai aussi qu’aucun-cune n’était de ma région. Alors que mes Krokoskako lagunak[36] sont de Baiona et des environs. Nous avons bien sûr aussi connu plein de gens de Toulouse et alentour, où certains-taines d’entre nous ont ensuite vécu et vivent encore. La plupart de mes potos d’Euskadi et de Frantzia[37] sont actuellement entre Baiona, Toulouse, Paris et Lyon. Quelques-uns-zunes se sont un peu exilés-lées comme moi : Amaia et Christian ont vécu à Tahiti, Sandrine et Gilles en Tunisie, Philippe aux États-Unis, Okis à Berlin et Iban... en Gwada !
J’ai multiplié les activités, à Toulouse, pour varier les rencontres et les plaisirs, en adhérant, notamment, au Comité d’organisation du carnaval universitaire... le COCU ! Et cocufié j’ai été, en commettant la plus belle toile et toutnie œuvre picturale de mon éphémère vie d’artiste, dans le cadre du concours d’affiches organisé par l’association pour l’occasion. Car Claude Sicre, le directeur du COCU – et membre de l’excellent groupe de musicien les Fabulous Trobadors devenu célèbre –, tout en incompétence, en revanche, en l’occurrence, et désinvolture, a déclaré que mon affiche ne pouvait être retenue car elle comportait… trop de couleurs !!! Inconséquence de l’artiste comme on aime à le caricaturer. Monsieur Sicre n’avait pas jugé utile, au cours des réunions qui se sont tenues en amont du carnaval, de nous adresser un minimum d’instructions avant que nous ne nous lançâmes à corps perdu dans la réalisation de nos œuvres. J’ai participé à la construction d’un char, pour le défilé, dans un hangar du quartier des Minimes, dans le nord de Toulouse, et au défilé lui-même bisû[38].
Mais l’ambiance de la fac de Toulouse-Le Mirail où j’ai accompli mes études m’a un peu déçu. J’y ai cependant notamment côtoyé quelques temps une chouette nana ressortissante d’un pays dont j’ai récemment entendu suminu[39] qu’elle avait été « la première Nation créole » : Cap-Vert. Un petit monde, apparemment, absolument délicieux. Le microcosme du petit institut de traduction de l’université où j’ai suivi les deux dernières années d’études s’est cependant avéré un peu plus palpitant. Parmi mes nouveaux-velles camarades, une Mina Kokko… annonciatrice de la survenue dans mon existence, bien des années plus tard, d’une autre sacrée Koko[40] ? Un autre k, bien que doublement moins, un simple du moins. Mais de mes deux k, de mon simple et de mon double en tout k, lequel l’est doublement plus que l’autre, ça, à vrai dire, je ne sais pas. (Mais si, justement, qu’est-ce que je raconte ?...) Pour l’Inde II (un double 1 romain et non un double I indien) – l’Inde II de 2020 d’après l’Inde I de 2018, car des Indes (des voyages en Inde) à ce jour j’en ai 4 –, j’ai pris l’avion, pour Delhi, depuis Helsinki, la capitale du pays de Mini... euh... de Mina ! Mina, une Finlandaise, donc, aux yeux bleus pétillants toujours tout sourire, a réalisé, en cours, un exposé sur le finnois, dont j’ai retenu des similarités troublantes avec l’euskara[41], eu égard à sa sonorité et au caractère agglutinant des deux langues.
D’un radical, en euskara, une fois flanqué de tous ses suffixes et autres déclinaisons, il ne reste parfois qu’une ou deux lettres. Des Euskaldunak[42] et de l’euskara on ne connaît pas les origines, tellement ce peuple et cette langue sont ancien-cienne. Et il aurait fallu laisser l’envahisseur éradiquer tout ça ?[43] Le monde est fou. Mais, attention, démonstration d’honnêteté intellectuelle, car joui rinette rédila[44] : « Basque : langue considérée comme pré-indoeuropéenne mais prétendument non indo-européenne, alors que nous estimons qu’elle a (au minimum) des relations étroites avec les langues indo-européennes. C’est tout le sens du présent site que d’apporter à cette remise en cause de la “doxa” des éléments de réflexion ou un début de preuves sous la forme de très nombreux exemples de similitudes qu’on ne peut pas toujours attribuer à l’emprunt du basque aux langues environnantes. »[45] Alors qui croire ? Bibi, ou Eñaut[46], Fina, Roger et Txomin[47], auteurs-teure de ces propos ? Réponse : TxoRogEñaFi. Car je ne suis absolument pas spécialiste de la question.
Une nouvelle bande d’amis-mies, et Xavier devint Xabi
Le défilé de la bande de joyeux-yeuses drilles qui allait devenir la mienne a commencé, chez Amaia et Sandrine, dans les quelques heures qui ont suivi mon arrivée chez elles, avec, parmi les premiers, Christian le futur mari d’Amaia, Olivier et Iban. Mais japu, pour ce dernier, si c’était dès le Jour Zéro. Toujours est-il que je lui dois mon surnom « Xabi ». Ça commençait à s’exciter, en tout début de soirée, autour de la table de la cuisine des filles, quand il m’a demandé peu après avoir débarqué : « Comment tu t’appelles ? » Je lui ai répondu : « Franco. » Je ne savais pas que, quinze ans plus tard, je rencontrerais un garçon qui, comme moi, face à cet étranger dont je me demandais s’il voulait coucher et faire sa vie avec moi ou quoi, userait de ce même nom de dictateur pour ne pas dire son vrai prénom. En vrai : je ne lui ai donc pas répondu « Xabi » mais « Xavier », le prénom que mes parents m’ont donné. Le seul d’ailleurs. Tellement qu’il est beau. Du tac au tac, Iban l’a repris, mais en euskara, s’exclamant : « Ah, Xabi ! » Depuis, familia eta lagunak[48] m’appellent ainsi. Seul papa a fait de la résistance, jusqu’au bout, me déclarant un jour : « Nous t’avons appelé Xavier, pas Xabi. » Mais c’est très bien comme ça, je suis les deux, et j’adore être Xavier pour lui. Qui m’appelle Xabi d’ailleurs des fois aussi, lors de réunions familiales, quand il sert du champagne par exemple et me demande si j’en veux. Pour les gens hors famille et cercles de lagunak historiques et intimes, je suis d’ailleurs plus souvent Xavier que Xabi.
Il était temps qu'un abertzale[49] entrât dans ma vie ! Trou damapute à propos d’Euskadi encore : « Un abertzale est un militant basque qui lutte pour la reconnaissance des droits de son peuple, sans prétention de conquête ni volonté d’exclusion. » Fantafion[50] que je trouve là, pour mon plus grand bonheur, car tellement du même acabit que les mots dont j’ai usé, plus loin dans ce récit et avant que je ne revinsse ici, à propos de mon cher pays ! Le constat que pas une personne de mon entourage – même pas Ama encore ! –, jusqu’à Iban, ne s’était montrée sensible à la cause de la défense de la culture et de la langue basques, en dit long sur les dommages, dans sa partie littorale surtout, infligés à l’intégrité d’Euskadi ! Alors Iban un Prémice ? Certes, et dixit fada vener[51], bien que je ne sache pas toujours, avec lui, sur quel pied danser. Mais ça n’est pas le sujet. Heureux parfait bascophone en tout cas qui, avec Patxi[52] son frère cadet, a effectué toute sa scolarité dans une ikastola[53].
Il n’avait pas été question, pour Ama, que le rouleau compresseur républicain n’avait donc pas épargnée, et certainement pas pour Aita, un Girondin[54], d’inscrire ses enfants dans une ikastola, école de statut associatif dont l’enseignement est majoritairement pratiqué en euskara. Le mensonge de la République a consisté à présenter une richesse comme un handicap : l’apprentissage par les enfants d’une langue autre que le français était censé nuire à celui de cette dernière, alors que c’est évidemment tout le contraire ! Ce n’est pas Ama qui m’a sensibilisé à la cause basque mais ce serait presque, là encore, le contraire ! Car j’ai véritablement eu cette conscience innée du problème, me mettant, enfant, sans que personne ne m’eût rien demandé, à apprendre cette satanée langue (qu'elle est arduuue !) dans un manuel que je m’étais acheté. Je me vois encore assis sur le bord du lit d’Ama, formulant pour elle mes premières phrases dans sa langue natale, et provoquant son sourire épaté et ravi ! Elle était si fière et heureuse ! Mais j’étais gamin, et tout motivé que je fusse, tout seul dans mon coin ce n’était pas évident, et j’ai rapidement abandonné.
Je me suis toutefois efforcé de continuer de l’apprendre un peu, toute ma vie, mais parti de mon pays pour mes études, et où je ne suis jamais définitivement revenu, malgré les innombrables séjours que j’y ai effectués et où je continue, bien évidemment, de me rendre régulièrement, je ne m’y suis encore jamais suffisamment consacré pour vraiment le parler. Denis, assez tôt aussi, s’était découvert des ardeurs de militant, allant jusqu’à accrocher un ikurrina[55], le drapeau basque aux deux croix blanche et verte entremêlées sur fond rouge, à la fenêtre de la chambre « du fond » que nous occupions tous les deux, déclenchant la furie du Libournais[56], qui avait ainsi admonesté Ama : « Je te préviens, je ne remettrai pas les pieds dans cette maison tant qu’il ne l’aura pas enlevé !!! » Combien de fois Ama ne m’a-t-elle pas ressorti cette anecdote ! Ce qui est devenu, en soi, un de mes jouirs[57] avec elle ! Car qu’est-ce que ça nous faisait rire ! Pour l’ikastola, en tout cas, on pouvait toujours courir ! Le tour de Sabina est venu de militer[58], lorsqu’elle s’est démenée avec les autres parents d’élèves de l’école primaire de Léa et Hugo du quartier des Arènes[59] où ielles habitaient alors, à Baiona, pour que des cours d’euskara y fussent dispensés. Mais, lamentablement, malgré leur engagement, sans succès. Faut-il ajouter : évidemment ? Angelu[60] : « Ça rime ! » Arrête, c’est pas marrant.
- {Gapachou 6 : [B] Bisû = Bien sûr [C] Chamou = Chapitre de Modoupa ; Chteuneus-neues = Chers-chères et tendres ; Chira = Chiffre plutôt sympa ; Ciqucatali = C’est moi qui capitalise ; Clé = Chérie de l’époque ; Crispir = Cri de désespoir ; Cucu pu doa = C’est beaucoup d’études, tout ça [D] Cada papa loulou = Dans l’ordre alphabétique-pas-de-jaloux ; Dixit fada vener = De ces gens, s’ils n’existaient pas, qu’il faudrait inventer ! [F] Fantafion = Fantastique définition [G] Gapachou = diminutif de Gamou-pa-fraichou (Glossaire modoupaïen-français de/du chamou) ; Grope = Grande Épopée [J] Japu = Je ne sais plus ; Joui rinette rédila = J’ai trouvé ça sur Internet à ce sujet en rédigeant ça ; Jouir = Joli souvenir ; Juquri = Juste après que j’ai écrit ça [L] Lomo = Le compte est bon [M] Modou = Mot de modoupaïen ; Modoupa = Mon Dieu, Mon Bouddha et Patata ; Mongol/e/s ! = Mais non, je rigole ! [N] Nuripala nucudura = Numéro pris par la note de bas de page dans un repassage [P] ; Pipi = Petit chapitre ; Pupata = Peu après que j’ai écrit ça [Q] Quel jutard = Quelques jours plus tard ; Quelle nutarde = Quelques années plus tard ; Quels nutards = Quelques années plus tard ; Qunuf = Qui nous font... [R] Roti = record de toute ma vie [S] Suminu = Sur mon ordinateur ; Surpatadag = Sur un plateau d’argent [T] Tamome = Très beau moment ; Toutni = Tout premier ; Trou dama pute = Trouvé dans ma pêche aux infos sur Internet}
- ↑ « Bardotsé » : Bardos
- ↑ Très beaux moments
- ↑ Petit chapitre
- ↑ Sur un plateau d’argent
- ↑ Degré 1, 2, 3... ? Modoupa le dira.
- ↑ J’ai revu le poto-keuf, dans son uniforme, en compagnie d’Okis, en bas de chez ce dernier à Baiona, pour la première fois en quelque trente années après celles-là...
- ↑ J’ai nommé, dada papa loulou* : Amaia, Benoît et Sophie : profs de musique (au collège) ; Damien : prof à la fac/maître de conf’/chercheur en mathématiques ; Domi-J : prof de français langue étrangère (au sein d’un institut étasunien) ; Gilles : prof d’arts appliqués (au lycée) ; Nathalie : prof des écoles ; Philippe : prof de français (à l’université) ; Sarah : prof de hautbois ; Yolande : prof de français et de philosophie (au lycée). J’en oublie certainement (de la puissante music connection je n’espère pas) : qu’ielles me collent ! (*Dans l’ordre alphabétique-pas-de-jaloux-louse)
- ↑ Je le laisse en français, car c’est comme cela que l’on appelait le bâtiment que nous occupions dans l’immense parc des restes d’un château... Le nom du bled en basque est Donazaharre, « Donassaharré », contraction de Donibane Zaharra, « Donibané Saharra », le « vieux Saint-Jean ».
- ↑ Quelques années plus tard
- ↑ « Éta nik » = et moi
- ↑ « Égoun onn » : bonjour. Pasa egun on, « Pacha égoun onn » = Passe, passez une bonne journée. Mais pour se saluer l’après-midi c’est « arratxalde on », « arratchaldé onn », et le soir « gau on », « gaou onn », qui signifie « bonsoir », « bonne nuit ». Je vais commencer à facturer. Bonsoir.
- ↑ « Agour » : bonjour et au revoir
- ↑ Qui nous font...
- ↑ Le compte est bon.
- ↑ Paysage audiovisuel français
- ↑ Ces deux « v » et « y » angulaires, pour ne pas dire acérés, brrr... Au moins les « v » et les « i » tout en raideur de Vyvy sont-ils un peu compensés, chez Vivie, par la rondeur du « e »... Cucu pu doa*. (*C’est beaucoup d’études tout ça.)
- ↑ Quelques jours plus tard
- ↑ Trou dama pute* à propos d’orthographe : « Quant au mot “Euskadi”, initialement orthographié “Euzkadi”, et inventé par le père du nationalisme basque, Sabino Arana**, au XIXème siècle, il désigne la patrie basque. Les deux termes ont donc une portée différente. “Euskal Herria” est une notion plus géographique et culturelle, alors qu’“Euskadi” est une notion politique : elle désigne la nation basque. À l’heure actuelle, Euskadi est le nom basque de la Communauté autonome du Pays basque formée par les trois provinces : l’Alava, la Biscaye et le Guipuscoa (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa en basque). » Première nouvelle ! Si j’avais su qui était Vivy, je l’aurais entretenue de la nécessité pour Euskadi de s’émanciper de l’« État colonialiste français » (selon l’expression favorite d’Élie Domota, le leader indépendantiste guadeloupéen). Krikri aurait été ravi. (*Trouvé dans ma pêche aux infos sur Internet. **Ma Sabina au masculin ! Je ne savais pas que ça existait ! Avec un quasi « Arans » dans le nom de famille en plus ! Et juste après trou dama... euh... pardon.)
- ↑ « Lagounak » = amis-mies
- ↑ Tout premier
- ↑ « Méharitsé » : Biarritz
- ↑ « Hégoaldé » : Pays basque Sud
- ↑ Grande Épopée
- ↑ « Krokochka »
- ↑ Peu après avoir écrit ça.
- ↑ « Maritchou »
- ↑ « Maïalèn »
- ↑ « Haï class » : la grande classe. Ça ne l’est pas de compter parmi les non anglophones et d’avoir besoin de cette précision de phonétique. Mongols-goles* !!! Au contraire, heureusement que ça existe, l’Empire et sa langue dominent suffisamment. (*Mais non je rigole !)
- ↑ « Méharitsé », « Bidarté », « Guétaria » : Biarritz, Bidart, Guéthary
- ↑ Cri de désespoir
- ↑ Chérie de l’époque. J’ai conçu ce modou* longtemps après avoir couché ça, ces mots je veux dire, sur le papier, l’écran du moins, pour constater, quand je suis repassé par ici, retrouvant ma première clé du récit, qu’elle se trouvait dans mon appartement. (*Mot de modoupaïen)
- ↑ Je ne sais plus.
- ↑ Record de toute ma vie
- ↑ Quelques années plus tard
- ↑ Chers-chères et tendres
- ↑ Ouah, tous ces K ! « Krokochkako lagounak » : amis-mies de Krokoska
- ↑ Fr...ance
- ↑ Bien sûr
- ↑ Sur mon ordinateur
- ↑ Ma Corinne rencontrée en Inde, abrégée et dûment basquisée, puisqu’enfant du Pays elle aussi.
- ↑ « Éouchkara » : basque (la langue)
- ↑ « Éouchkoualdounak » : les Basques
- ↑ La France bat tous les records d’arrogance. Il n’est qu’à voir la réputation des Français-çaises dans le monde. Le jacobinisme, et le centralisme à la française, sont d’une violence inouïe. L’Espagne, par exemple, un système fédéral, ne s’est pas autant évertuée que sa voisine à tenter d’éliminer ses cultures et ses langues régionales. Cette dernière persiste dans son refus de signer la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Mais droitisation générale et mondiale des sociétés aidant, il n’est pas un gouvernement pour rattraper l’autre aujourd’hui, entre les deux pays, dans la gestion de la paix, après la renonciation unilatérale de la dernière organisation militaire basque, l’ETA, à la lutte armée. Le mépris et l’intransigeance, des deux côtés de la « frontière », règnent en maîtres, menaçant la paix elle-même. Le pire terrorisme, dans ce monde, est celui des pouvoirs.
- ↑ J’ai trouvé ça sur Internet à ce sujet en rédigeant ça.
- ↑ Bascorama.com
- ↑ « Éniaout »
- ↑ « Tchominn »
- ↑ « Familia éta lagounak » : famille et amis-mies
- ↑ « Abertsalé »
- ↑ Fantastique définition
- ↑ De ces gens, s’ils n’existaient pas, qu’il faudrait inventer !
- ↑ « Patchi »
- ↑ « Ikachtola »
- ↑ Un parfait Jacobin surtout à cette époque-là ! Qui me donne là l’occasion de me rendre compte d’une de ces idées reçues et simplifications de l’Histoire : « Il est facile de NE RETENIR, DE L’HISTOIRE, QUE CE QUI NOUS ARRANGE [Ciqucatali* : ça dit tellement bien ce phénomène majeur et universel régissant la construction des esprits !], et l’opposition Jacobins-Girondins, qui revient régulièrement dans les débats politiques si français sur les institutions, fait partie de ces traits. Car on oublie souvent de rappeler que les “Girondins” étaient pour la plupart membres du Club des… Jacobins, qui s’appela d’abord “Club Breton” ! On est loin de l’imagerie qui voudrait que les Girondins représentent la Province décentralisatrice face à une volonté parisienne de confisquer la Révolution en la centralisant. Certes, la position des Girondins, dans leur bataille contre les Montagnards, Parisiens pour la plupart, dont les célèbres Danton, Robespierre et Marat, représentait une forme de modération. Mais qui ne saurait faire oublier qu’ils étaient eux-mêmes des républicains convaincus, qui se sont surtout opposés aux Montagnards sur des questions de guerre, de personnes et de rythme des changements. Le triptyque Liberté, Égalité, Fraternité, même s’il fut pour la première fois formulé par Robespierre, est aussi leur credo. La République une et indivisible reste leur référence, qu’il s’agisse des Girondins de l’époque ou de ceux d’aujourd’hui. » (Les Échos, 9 février 2018, https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/ni-pacte-jacobin-ni-pacte-girondin-pour-une-democratie-du-xxie-siecle) [*C’est moi qui capitalise.]
- ↑ « Ikourina » : drapeau basque
- ↑ Régis et Jean-Pierre, les maris de mes deux amak, la bat et la bi (la une et la deux), sont tous deux originaires de Libourne ! (Près de Bordeaux.) Mais les preuves d’un possible complot commun pour parachever l’acculturation de leurs épouses respectives n’ont jamais pu formellement être établies. Nuripala nucudura* : 75. Non, ce ne sont quand-même pas des parigots. Leur département : le 33. Deux fois le 3, un chira** de ma nomenclature. 3x3, en plus, ça fait 9. Et le 9 est le meilleur de mes chiras, mon « top chira ». Tout porte à croire, par conséquent, qu’ils ne sont pas coupables. Autre élément tendant à prouver leur innocence, vu suminu juquri*** : le secrétariat du Père-Noël a été installé à Libourne. [Nobapa 56. Où je reviens, dans ce chamou 6, après le 5, alors que je viens de créer, au chamou 4, le concept de relecture 5-è et 6-è. Constatant surtout que je vois tout, dans ce 33, sauf l’« Age du Christ » ! « M’ »oubliant totalement ?... Et passant presque... de nouveau... à côté de ça : le « Père Noël », lui, (pourtant,) est bien là !!!] (*Numéro pris par la note de bas de page dans un repassage. **Chiffre plutôt sympa ***Juste après que j’ai écrit ça.)
- ↑ Jolis souvenirs
- ↑ Attention : basquisée, Sabine se mouille ! En effet : le « s », en basque, se prononce non pas tout à fait « ch » mais comme un « s »... mouillé. C’est donc un « ch » délicat pour Madame. Alors que pour Xabi on peut y aller Manno... euh... franco*, c’est un cheu de chez cheu. (*Voir Chamou 61.)
- ↑ À l’orée du Triangle des Origines de Krokoska, entre chez Lolo & Stef, chez Iban & Patxi et chez Beniat (« Béniat »).
- ↑ « Anguélou » mon ange anar... euh... mon Anar (Ange Gardien)